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Critique de Laureneb


Je crois que j'aurais été plus intéressée par le roman inverse de celui que je viens de lire : au lieu de lire les amours de jeunes gens sages, vertueux, bons chrétiens, ne connaissant pas le mal, au visage reflètant la bonté et la douceur de l'âme, j'aurais préféré lire un roman dont Joseph aurait été le héros. Joseph, le garçon qui grandit sans peur, celui qui est lent à comprendre, l'ébervigé c'est-à-dire l'étourdi, celui qui est malingre et jaune. George Sand croît en la vertu et en sa récompense, et présente des personnages simples mais bons, les autres, ceux qui ont de la méchanceté au coeur, sont malheureux. Chez elle, le caractère des personnages se reflète sur leur visage.
Moi qui aime beaucoup le théâtre romantique, j'ai cru un moment retrouvé chez Joseph la condamnation et la solitude de l'artiste maudit, comme les personnages du Chatterton de Vigny, de l'Anthony de Dumas, ou de l'Olympio dans les vers de Victor Hugo... Car si Joseph joue de la musique pour les bals populaires, c'est un musicien de grand talent, un artiste même, puisqu'il ressent la nature, ce qui lui permet de développer son art. Il est donc incompris dans son Berry natal qui ne sait pas l'apprécier. Conscient de sa valeur, il en devient hautain, fier, méprisant envers les autres. Il est aussi conscient de ne pas pouvoir plaire pas ses manières trop brusques, sa figure trop singulières, son âme trop tourmentée. Oui, un roman dont Joseph aurait été le héros aurait été plus sombre, plus cynique, mais plus riche peut-être.
Car, au contraire, je n'ai pas porté beaucoup d'intérêts aux personnages principaux : je leur fais le même reproche qu'à plusieurs personnages de George Sand, être trop bons pour être réels. le Narrateur, Tiennet, est ainsi assez inconsistent pour moi, il est là pour transmettre l'histoire et pour la faire avancer en aidant les autres, puisqu'il laisse toujours ses propres sentiments et ses propres désirs de côté. Thérense est trop réservée pour être émouvante. Les pères ou grands-pères sont des figures types d'hommes bons agissant pour le bien de leurs enfants. Huriel aurait pu être intéressant, si son côté sombre avait été accentué : il nous apparaît d'abord avec la figure toute noire d'un charbonnier, impertinent, audacieux... Tout ce que ne sont pas Tiennet ni Joseph. Et lui-même se range, ne rêvant que d'une vie de famille.
Je m'aperçois que ce que j'aurais davantage aimé, c'aurait été un roman écrit par un autre... Il a certains défauts de l'écriture de George Sand, et beaucoup de ses qualités, notamment la célébration de la nature, avec une conscience quasiment écologiste avant l'heure.
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