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Critique de Soleney


Je crois bien que ce tome est le meilleur de la série. C'est rare, souvent une saga peut s'essouffler et perdre de son charme, mais j'ai de plus en plus aimé les volumes au fur et à mesure que je progressais. Et le Héros des Siècles est pour moi l'apothéose, le bouquet final des aventures de Vin et de son groupe.

Pourquoi donc ?
Parce que toutes les problématiques abordées dans L'Empire Ultime et le Puits de l'Ascension sont encore plus approfondies. Sazed, après avoir perdu ce qui lui était le plus cher, remet en question toutes les religions qu'il connaît et s'efforce de chercher la vérité à travers les croyances. La question « qu'est-ce qui nous attend après la mort ? » revient avec d'autant plus de force que c'est la fin du monde. Ravage est libéré, les brumes tuent et grignotent de plus en plus de jour, les séismes sont quotidiens, la cendre ne cesse de tomber, les cultures meurent, les peuples s'affrontent et les doctrines se multiplient, frôlant parfois le fanatisme. Où est la vérité dans tout ça ? La religion a-t-elle besoin d'être véritable pour être utile ? Est-ce mauvais de croire en des mensonges s'ils nous font espérer et nous rendent meilleurs ?
Mais ce n'est pas tout : la politique et ses dangers menacent Elend, qui doit prendre des décisions extrêmement dures pour ce qu'il estime être le bien collectif. Lui et Vin ont énormément évolué à cause des responsabilités, au point qu'ils se demandent qui ils sont désormais. Manoeuvres, complots, menaces, persuasions font partie de leur quotidien, car ils doivent trouver des alliés, les dominer et déjouer les pièges qu'on leur tend. Ils commencent même à penser que le Seigneur Maître n'était pas quelqu'un de mauvais et que son Empire avait l'avantage d'offrir une chose dont tout le monde a besoin : la stabilité. Stabilité qui apparaît comme une utopie : beaucoup de personnes regrettent l'ancien régime et cherchent à rétablir l'ordre passé. Ce qui me paraît très réaliste : après une vie d'obéissance, la liberté peut devenir un fardeau.
Il se trouve que c'est exactement ce que je recherche dans la littérature : une exploration de l'âme humaine dans un contexte qui invite au voyage. Je veux être questionnée, revoir mes positions et me sentir en empathie avec des personnes très différentes de moi. Pari gagné, donc !
Pour la question de l'empathie, on voit le Seigneur Maître, Rashek, sous un autre jour. Lui qui était perçu comme quelqu'un de mauvais dans le premier tome est progressivement assimilé à une personne qui, finalement, ne cherchait que la sécurité pour son peuple. Comme quoi, tout est question de point de vue. La question du pouvoir revient donc : être dur envers les gens pour leur bien, fait-il de nous des personnes mauvaises ? Est-ce l'intention ou l'action qui compte ?

En plus de cela, Sanderson offre une nouvelle lumière sur les moindres détails de son univers ! Dans ce tome, vous saurez comment sont créés les Inquisiteurs d'Acier et comment ils survivent malgré leur état, vous redécouvrirez les kandras, les koloss et Ravage, vous comprendrez pourquoi Zane était fou et vous aurez même des explications là où vous ne vous posiez sûrement pas de questions ! J'adore découvrir une mécanique complexe et parfaitement pensée là où je ne m'attendais à trouver que de vagues excuses magiques – effet sense of wonder garanti !

Mon seul regret est que la géographie est peu développée. À part Luthadel, Urteau et Fadrex, on voit relativement peu de choses de l'Empire ultime. Et la mer, et les montagnes ? Mais après réflexion, je me suis dit que c'est un monde à l'agonie où la cendre chute dru, où tout devient gris et terne et où tout devait plus ou moins être pareil. Il n'y avait pas grand intérêt à visiter tout l'Empire.
Et je me serais arrêtée là s'il n'y avait pas le Dominat du Croissant. C'est celui qui m'intrigue le plus, non seulement parce que son nom me donne faim, mais en plus parce que je me demande ce qu'il peut y avoir de l'autre côté. On voit bien que les terres continuent, mais on ne sait pas vers quoi. Un autre empire ? Des hommes sauvages ? Des monstres ? C'est impossible qu'il n'y ait rien, quand même !
Il y a eu aussi quelques passages en longueur – surtout au milieu. J'ai parfois dû me forcer un peu pour continuer et j'aurais préféré que l'auteur délaye moins pour éviter des scènes de désoeuvrement aux personnages principaux (Sazed, notamment). Ces moments n'ont toutefois pas représenté une grande part du roman, et ils ont été totalement éclipsés par le final grandiose de la série.

Ah, la fin, la fin était absolument incroyable ! Brandon Sanderson m'a totalement prise de cours car il a conclu sa saga de manière innovante. J'en suis à la fois heureuse et déçue. Heureuse parce que ça change : ce n'est pas un happy end, la fin colle parfaitement au reste de l'histoire, et tout ce que je croyais sur le Héros des Siècles se révèle être faux ou en-deçà de la réalité. Mais déçue parce que c'est sacrément frustrant pour les personnages principaux.
Bref, une fin très bien maitrisée qui montre de nombreuses révélations, et des révélations sur les révélations. Brandon Sanderson a une maîtrise excellente des techniques d'écriture, du suspense, des vérités à demi-cachées. J'ai été conquise par cette saga, par ses personnages, par son intrigue complexe et par la plume de son auteur, et je suis d'ores et déjà curieuse de lire ses autres romans !
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