AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Meygisan


Recevoir le dernier Brandon Sanderson est toujours un événement à la maison, car il génère une passion de lecture chez tous les membres de la famille, à tel point qu'on se dispute pour qui aura le droit de le lire en premier.
Cette fois ci, c'est moi qui ai gagné et j'avoue que j'étais impatient de le découvrir d'autant qu'avec Skyward, j'allais découvrir cet auteur dans le registre de la sf, connu jusqu'ici surtout en fantasy.
J'ai donc ouvert ce livre avec frénésie et ai commencé à m'en abreuver plus que de raison.
Je tiens à m'excuser par avance pour les quelques allusions et références cinématographiques que je poserai ici ou là, fidèle à mon habitude, mes connaissances dans le domaine étant bien plus conséquentes qu'en matière de littérature.
J'ai donc trouvé ici un roman qui m'a rappelé énormément certains films ( donc quelques uns tirés de romans eux mêmes), comme La stratégie Ender, Independance day,
Le gros premier tiers du livre m'a donné du fil à retordre puisque j'y ai trouvé les clichés les plus évidents de cette culture sf au cinéma. Je ne saurais dire si on retrouve les mêmes en littérature, mais pour le coup, en ce qui me concerne, ceux ci m'ont sauté à la figure et me sont apparus comme de grosses lourdeurs, pour ne pas dire "lourdingues". J'ai donc eu quelques difficultés à apprécier les choix et orientations de l'auteur.
Je m'explique.
On suit donc les pas d'une ado, presque jeune adulte, au caractère bien trempé, dont le rêve est de devenir pilote, comme son père (premier cliché) (réf trilogie Star trek récente). Son caractère audacieux, mêlé de courage, d'intrépidité, de fougue, d'insolence et d'effronterie, font de l'héroïne un cliché en soi. Un événement tragique, la perte de son père dans des conditions plus que douteuses, font d'elle une paria d'emblée, et la stigmatise dans un rôle qu'elle n'a pas choisi et contre lequel elle va devoir se battre pour définir sa propre identité. Autre cliché.
(bon il faut avouer qu'une héroïne plutôt effacée, timide, farouche au tempérament frileux, aurait eu du mal à convaincre de passer pour une rebelle)
Elle va devoir lutter contre cette étiquette qui lui colle à la peau et qui semble avoir tracé pour elle son avenir. C'est donc à la fois une quête initiatique, de son identité, de reconnaissance et d'hérédité, lesquels sont remis en question et même complètement parasités et étouffés par une hiérarchie militaire autoritaire. Clichés à la pelle.
Cette autorité militaire est la seule qui prévaut dans ce monde où les derniers humains semblent être la proie d'envahisseurs extraterrestres qui veulent les exterminer. Celle ci est également détentrice de secrets (de vérités!!), de savoirs qui font d'elle l'incarnation de l'hégémonie, du pouvoir, de la suprématie. Et Spenza, l'héroïne donc, est tout le contraire, puisqu'elle est cette rebelle, fille de traître à la nation, atteinte du "défaut", une sorte de soi disant prédisposition génétique à la traîtrise, qui va se dresser envers et contre tout, pour laver l'honneur bafoué de son paternel.
Autres clichés!!? C'est par ici. L'instructeur de Spenza, grâce à qui elle a pu intégrer les rangs de l'école de formation des pilotes, était le co équipier et meilleur ami de son père.
Spenza représente très clairement une classe socialement basse (elle vient des bas fonds, chassent les rats pour se nourrir, et bricolent des trucs avec les débris qu'elle récupère à droite à gauche) alors que certains de ses camarades incarnent eux la haute société bourgeoise, les fils et les filles de... qui n'ont pas besoin de prouver leur valeur quand leur nom et leur ascendance suffisent.
Bref, je ne vais pas énumérer ici tous les clichés, vous en trouverez plein d'autres...
Mais ce faisant, j'ai eu beaucoup de mal à accepter cela de la part de l'auteur. En tous cas dans un premier temps.
Parce qu'à un moment la magie Sanderson finit par opérer. La magie de ses mots, de son sens du récit, de sa narration cousue au millimètre, de sa capacité à conter une histoire aux multiples couches.
J'ai fini par me laisser happer complètement dans l'action. Sanderson possède cette maîtrise qu'on lui connaît de la progression de l'action. Et celle ci se fait avant tout par les combats aériens qui sont juste époustouflants. Il parvient à donner à chacun une âme propre, une identité propre. Il parvient presque à les personnaliser à tel point qu'on pourrait les considérer comme des personnages à part entière.
Bien entendu, Sanderson est aussi connu pour son art du revirement, qui intervient pratiquement à tous les chapitres et qui tiennent le lecteur en haleine. Cela aussi m'a presque gêné dans le sens où l'auteur n'apporte rien de neuf. C'est lui, il le fait bien et on l'apprécie pour ça. mais quand on a lu pas mal de ces romans, n'est on pas en droit d'attendre autre chose de sa part que d'une simple transposition de ses talents d'un genre à un autre....?
Malgré cela, la sauce prend et le bouquin se termine en deux temps trois mouvements.
Alors de deux choses l'une... Soit vous êtes un fan inconditionnel de Brandon Sanderson et vous vous roulerez par terre en pleurant, en criant, en invoquant les forces chthoniennes, de vous apporter immédiatement la suite de ce roman. Soit vous ferez preuve d'un peu de retenue face à ce roman qui n'est autre qu'une transposition de ce que Brandon Sanderson sait déjà faire à la perfection. Notez qu'il n'y a pas lieu de considérer un comportement meilleur que l'autre.
Il était déjà question, pour certains de ces romans, qu'ils soient porté à l'écran. J'avoue que voir une adaptation ciné de Skyward ne me déplairait pas tant le style dynamique de Sanderson se prête à l'écran.
Du coup, j'ai été très embêté pour choisir la note que j'allais allouer à ce roman.
Prenant en compte mes déceptions décrites plus haut, j'aurais mis sans hésiter 3 sur 5. Et puis en lisant, j'ai réalisé à quel point Sanderson faisait preuve de générosité, presque enfantile, dans son roman. Et je me suis souvenu ( excusez moi encore pour les références) de Star Wars, et de la naïveté puérile dont faisait preuve Georges Lucas quand il a fait son film.
Générosité et naïveté ne seraient ils pas les seuls qualificatifs de ce qu'est la sf..? À vouloir rendre la sf trop adulte, n'y perd t'on pas toute sa magie, toute sa force? En d'autre terme, la sf ne se doit elle pas de rester un conte pour grands enfants, pour demeurer ce qu'elle est?
Et bien je pense que Sanderson a su faire passer son amour d'enfant pour la sf dans ce roman, et que ceci se traduit par cette générosité, qui va de paire avec opulence et abondance.
Peu importe les défauts, peu importe les clichés...
Donc 5/5...
Commenter  J’apprécie          140



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}