Est-ce qu'on peut tuer pour un logiciel ?
- Attention : les flics ne sont pas des imbéciles. Du moins, pas tous.
Memphis en plein mois de novembre, ce n’est pas l’idéal. Quand les nuages s’installent, c’est pour de bon et quand il se met à faire froid, ce n’est pas le bon froid bien sain qui tapisse le paysage de belle neige, non : plutôt un froid humide, à l’anglaise, le genre qui vous laisse transi jusqu’aux os. Et en guise de neige, on a droit à une bruine glaciale. Résultat : on se balade avec la tête rentrée dans les épaules et les mains enfoncées dans les poches, avec l’impression de se faire pisser dessus en permanence.
LuEllen a tendance à se battre contre ses oreillers, pour se retrouver dans des positions étranges. Quand je me suis réveillé le lendemain matin, son derrière tout nu dépassait d’un tourbillon de draps. C’était un spectacle superbe ; on aurait dit une pêche toute fraîche, ronde, ferme et délicatement rosée.
Je ne suis pas superstitieux ; bien au contraire, je rejette totalement la superstition […] Mais le tarot, ce n’est pas pareil. C’est –ou ça peut devenir- une espèce de martingale capable de briser le moule mental dans lequel on est enfermé.
Sa femme s’appelait Moony. C’était une baba-cool attardée dont le sourire découvrait des dents en pagaille ; elle portait de grandes robes droites en cachemire et faisait pousser de l’herbe sur le rebord de sa fenêtre. Après trente ans à cuisiner pour les pêcheurs que trimballait son mari, elle était toujours incapable de préparer un repas correct. Quand elle faisait des crêpes, on les emportait au lac pour les faire ricocher à la surface comme des cailloux plats ; Et une fois qu’elles avaient sombré, les poissons se gardaient bien d’y toucher.