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Critique de bdelhausse


Je suis très partagé. J'ai mis pas loin de 140 pages pour "entrer" dans le roman. Et, alors que je croyais que j'y étais, j'ai re-décroché un peu au-delà de la page 200. Pour un livre qui en compte un peu plus de 270, cela fait désordre.

Chez moi, ce roman s'est adressé à mon cerveau, uniquement. L'emprunt, l'hommage, le clin d'oeil... peu importe comment on nomme cela, à 1984, c'est cérébral. Tout comme les descriptions, le récit très détaché comme si on racontait juste une news banale, le style hyper travaillé, évanescent, fragile, à la limite du truc dont on dit aux enfants "regardez, mais ne touchez pas"...

Il m'a manqué des tripes, du viscéral. Que je n'ai trouvé que pendant une -petite- soixantaine de pages. Et je me dis que sur un tel sujet, du viscéral, il y en avait, à la pelle. Sansal utilise la religion là où Orwell utilisait la science. L'obscurantisme est le même, au final. Cela se dit en quelques pages... à quoi bon en faire un roman aussi long? Il m'a manqué de la tension. Du suspense. Cela fait que je ne placerai pas ce roman dans la lignée d'Orwell, d'Asimov ou de Bradbury. Je vois plutôt Sansal lorgner du côté d'un Saramago, d'un Coelho sombre, d'un Pratt... 2084 est un conte, à mon avis.

Pour ce qui est de l'invasion islamiste de l'Europe, la critique de Daech, etc. Je suis dubitatif. Sansal n'est pas Houellebecq. Sansal est algérien. Comment aurait été accueilli son livre s'il avait imaginé les mêmes ressorts, les mêmes rouages à partir de la religion protestante, fondamentaliste évangélique, hindouiste...? Mal, très certainement. Je peux me tromper (Sansal a très certainement donné des interviews qui éclairent son propos), mais je vois davantage 2084 comme une dystopie éclairant les dérives des religions poussées dans leurs pires absurdités, que comme une attaque féroce contre l'EI.

Par ailleurs, c'est le troisième livre d'un auteur du Maghreb que je lis d'affilée. Ben Jelloun, Daoud et Sansal. A chaque fois, la langue est travaillée à l'extrême. A l'excès, presque. Mais là où Ben Jelloun ou Daoud sont digestes parce qu'il s'agissait de nouvelles, Sansal se révèle indigeste dans sa longueur, sa lenteur. Je veux bien lui faire crédit d'un talent d'écriture. Je suis sûr que tout ce que je n'aime pas dans ce livre est le résultat d'un choix conscient, assumé et maîtrisé chez Sansal. C'est juste que je n'ai pas rencontré ce qu'il avait à me dire.
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