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Critique de nilebeh


« Ne crois pas aux balivernes libérales de ton père et de ta mère ! Balivernes ! Utopies d'intellectuels viciés ! de la misère à la gloire...Personne ne sort de la misère, synonyme d'ignorance, et ne devient un génie, Si tu n'y crois pas, va voir d'où viennent tous leurs écrivains, peintres, musiciens, de familles aisées, sinon riches, aisées ! Tu comprends ? Pour ne rien dire de ta mère qui était d'une famille riche, Ton père aussi, qui se vante tant de son origine populaire,tu le sais comment il est arrivé à sortir de l'esclavage de l'ignorance ? Tu le sais ? »

"Tu ne dois jamais te soumettre à personne et moins que quiconque à ton père ou à moi. Si quelque chose ne te convainc pas, rebelle-toi toujours."

" Nous ne sommes pas affamés! Et si parfois nous n'avons pas d'argent, c'est que nous n'exploitons personne, cher oncle. Et puis Marx aussi souffrait de la faim pour écrire le Capital."


En quelques extraits nous cernons l'expérience de la petite Goliarda, fillette grandie un peu comme une herbe folle au milieu d'intellectuels anarcho-socialistes dans la Sicile des années 30, le Duce menace déjà de faire marcher l'Italie au pas et jette les opposants en prison. La mère de Goliarda, Marie, avec ses sept enfants d'un premier mariage auxquels s'ajoutent ceux du second compagnon puis les petits derniers, a fait de la prison pour incitation à la grève. Giuseppe, le père, est un avocat (instruit grâce au sacrifice de ses frères, cf ci-dessus) qui s'est mis au service des pauvres. Au milieu de la tribu, Goliarda grandit, instruite par son frère Ivanoé (on se méfie de l'enseignement, probablement très bien-pensant). Toute jeune elle connaît les philosophes et argumente pour défendre ses idées. Dans la famille, on ne crie pas, on ne punit pas : on explique. On ne donne pas l'argent des petits plaisirs : on le fait gagner par de menus travaux.

Et de l'argent, Goliarda en a besoin pour aller voir son idole au cinéma, ce Jean Gabin auquel elle s'identifie, carrure, démarche, ton, arguments, elle tente de tout copier. Puis elle « vend » sa narration du film aux gamins du voisinage,

L'histoire est amusante, intéressante, elle restitue la Sicile des années fascistes et le monde libertaire qui a tenté de s'y opposer, La gamine est vive, drôle, pétillante, sa famille plutôt originale et sympathique, Mais...comment dire ? C'est presque « trop », Trop gentil, trop bien écrit, trop sympathique, bref on n'a pas vraiment l'impression qu'il s'agit de souvenirs mais d'un récit largement idéalisé,
Goliarda a reçu le prénom (Goliardo) d'abord de son frère aîné, mort bien avant sa naissance et fils seulement de Giuseppe, puis celui de Goliarda, la petite soeur morte très peu de temps après sa naissance : comment trouver sa vraie place, sa vraie identité, c'est déjà tellement difficile certainement dans une fratrie si nombreuse. Et quand on sait que Giuseppe a eu des relations incestueuses avec deux de ses belles-filles, le tableau se ternit quelque peu,

En conclusion, un livre agréable à lire et intéressant mais auquel, pour ma part, je n'ai pas tout-à-fait accroché,
Je remercie le Tripode pour cette découverte qui va maintenant m'inciter à lire « L'art de la joie » dont j'entends le plus grand bien !

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