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Critique de michfred


Cinq années dans les pattes d'un ogre qui grogne et qui renifle, qui bouffe comme un chancre et boit comme un trou, qui jure comme un charretier, qui a la bougeotte, qui séduit et qui choque.

Cinq années dans les traces d'un nounours incompris, pathétique et tendre, affamé d'affection et finalement débonnaire, malgré ses foucades et ses gueulantes, toujours le nez dans un livre, toujours en quête d'un artiste, d'un pote, d'un vin, d'un mets à découvrir, à faire connaître, à aider ...

Voilà le pari du petit Mathieu Sapin, timide et furtif, armé de son carnet de croquis: passer cinq années à fréquenter et à suivre notre énorme Gégé, plus tellement national depuis qu'il s'est brouillé avec la France pour cause de gros sous - mais surtout parce que cet éléphant a pris la mouche, ce grizzly a eu des pudeurs de gazelle quand le pâle Ayrault l'a traité de minable ...

On sait tout cela, et aussi combien certains - dont votre servante- se sont sentis trahis quand le provocateur adoré par Bertrand Blier et Maurice Pialat est allé donner sa caution à Sarkozy au meeting de Villepinte..et la bise à Poutine, devenu son meilleur pote!

Depardieu avait donc beaucoup à se faire pardonner!

Mais un panégyrique, un plaidoyer pro domo aurait achevé de tuer ce qui nous restait d'affection pour le personnage- je mets son talent d'acteur à part: il suffit de voir le dernier quart d'heure de son dernier film, Un beau soleil intérieur, pour comprendre que Gégé crève l'écran, qu' il est irremplaçable, génial. Gégénial même!

Mais nous réconcilier avec le personnage sans travestir, sans mentir, sans flatter- Gégé dit "lécher le cul"..- c'était plus difficile!

Un des mérites de ce portrait en images - en textes - tous saisis sur le vif, toujours mis en situation et jamais commentés, un vrai plaisir!- c'est de nous montrer le Gégé tel qu'en lui-même.

Aux prises avec l'actualité qui souvent le déborde, avec les paparazzi et les admirateurs qui partout le traquent et le reconnaissent -il faudrait être vraiment peu physionomiste pour le rater!- aux prises avec l'alcool et la bonne chère qui le gonflent comme un ballon et le tuent à petit feu, et surtout en proie à une angoisse existentielle qu'il s'emploie de toutes ses forces à nier, mais qui crève ...la page!

Formidable BD, formidable sujet, - au sens étymologique- qui inspire la terreur: le petit Mathieu Sapin n'a pas eu froid aux yeux!

Pari réussi sur toute la ligne!

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