Ma maîtresse disait toujours qu'il fallait libérer la force [magique] de la même manière qu'on lâche un pet dans une salle de bal : avec délicatesse, parcimonie et maîtrise.
Par la rivière, c'est plus sûr. Des commandos d'elfes rôdent dans les forêts. C'est à se demander de quel arbre fusera la première flèche ! Sur l'eau, il n y a pas de danger. Les elfes sont comme les chats, ils n'aiment pas la flotte. Ils préfèrent rester tapis dans les fourrés...
-La magie te tend la main, Ciri. Elle vient te chercher, toi, la fille étrange, la Surprise, l'enfant de Sang Ancien, le sang des elfes. Toi, qui es prise en tenaille entre le Mouvement et le Changement, la Destruction et la Renaissance. Qui est destinée tout en étant la Destinée. La magie te tend la main de derrière la porte close, elle vient te chercher, toi, le petit grain de sable dans l'engrenage de l'Horloge du Destin. Le Chaos tend vers toi ses griffes, lui qui ignore toujours si tu seras son instrument ou un obstacle à la réalisation de ses plans. Ce que le Chaos te montre dans tes rêves, c'est justement cette incertitude. Le Chaos te craint, enfant du destin. Et il veut faire en sorte que toi aussi, tu aies peur.
-Souviens-toi, répéta-t-elle. La magie, c'est le Chaos, l'Art, la Science. C'est une malédiction, une bénédiction et un progrès. Tout dépend de celui qui l'utilise, de la manière dont il le fait et avec quelle intention. Quant à la magie, elle est partout. Tout autour de nous.
Je te le redis : les sortilèges, c'est du sérieux. Il faut les jeter avec grâce, et fierté aussi.
Lorsqu'il croisait ses avants-bras sur sa poitrine - ce qu'il faisait volontiers- c'était comme si deux cachalots s'écrasaient contre une baleine.
je sais aussi que tu as bientôt quarante ans, que tu parais en avoir trente, que tu t'imagines en avoir un peu plus de vingt et que tu agis comme si tu en avais à peine dix.
- Jaskier, dit Dijkstra dans un état de somnolence apparente, en croisant ses gros bras sur sa poitrine. Espèce d'imbécile. De crétin fini. Dois-tu toujours gâcher tout ce que tu entreprends ? Pour une fois dans ta vie, ne pourrais-tu faire les choses comme il se doit ? Je sais très bien que tu es incapable de penser par toi-même. Je sais aussi que tu as bientôt quarante ans, que tu parais en avoir trente, que tu t'imagines en avoir un peu plus de vingt et que tu agis comme si tu en avais à peine dix. Conscient des réalités susmentionnées, je te fournis d'ordinaire des indications précises. Je te dis ce que tu dois faire, quand tu dois le faire et de quelle manière. Et j'ai régulièrement l'impression d'avoir parlé à un mur.
- En ce qui me concerne, répondit le poète d'un air audacieux, j'ai régulièrement l'impression que tu parles pour le simple plaisir de faire mouvoir tes lèvres et ta langue.
Alors voilà la pure vérité : ce monde appartient à celui qui sait le mieux fracasser le crâne des autres et engrosser le plus vite les femelles. Et quand il s'agit de tuerie et de fornication, il est difficile de vous concurrencer, vous les hommes.
L'intolérance et la superstition ont toujours été le fait des idiots parmi la populace, et, selon mon sentiment, jamais elles ne seront extirpées car elles sont aussi éternelles que la bêtise elle-même. Là où culminent aujourd'hui des montagnes, il y aura un jour des mers. Là où moutonnent aujourd'hui des mers, il y aura un jour des déserts. Mais la bêtise restera la bêtise.