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Critique de Marie-Nel


Virginie Sarah-Lou est une autrice que j'apprécie. J'ai lu ses deux précédents romans, et j'en garde un très bon souvenir. J'aime la délicatesse et la sensibilité de sa plume. J'ai tout de suite été séduite par le résumé. J'aime ces histoires où le passé a une place importante dans le présent, c'est souvent synonyme de fortes émotions.

 

Et je peux déjà vous dire qu'en effet les émotions ont été très fortes. Je suis passée par tous les états, j'ai souvent souri, même ri, j'ai été profondément touchée, et j'ai versé quelques larmes. Je pense que c'est difficile de faire autrement.

Je ne vais pas trop vous parler de l'histoire pour ne pas vous gâcher la surprise, juste vous en parler grossièrement. Ce sont surtout les personnages qui sont très importants ici. On va donc faire la connaissance de Marcel, un vieux monsieur de 94 ans, il vit seul, n'a plus de famille proche. Il a une assistante de vie, Pauline, qui vient s'occuper de lui, l'aider à se lever et se coucher, l'aider à la toilette et lui préparer son repas. Marcel n'est d'habitude pas du genre bavard, mais là, avec Pauline, c'est différent. Il se confie sur son passé et va même partager avec la jeune femme les lettres que lui et l'amour de sa vie se sont écrites. Marcel était fou de Jeanne, mais la mère de Marcel n'acceptait pas cette union, Jeanne a donc refusé de se marier avec Marcel, pour ne pas créer de malaise avec la mère du jeune homme. Mais ces deux là ne s'oublieront jamais, même lorsqu'ils seront mariés chacun de leur côté. Ils vont s'écrire secrètement. Et c'est cette correspondance qu'il va confier à Pauline. Connaître la vie de Marcel va permettre à Pauline de mieux le comprendre. Elle va recevoir des leçons de vie qui vont la faire réfléchir sur sa propre vie privée.

 

J'ai adoré tout de suite ces deux personnages, Marcel et Pauline. Je les ai tout de suite trouvés très attachants. Ils m'ont énormément émue. Difficile de rester de marbre devant l'histoire de Marcel, son amour pour Jeanne, inconditionnel. Sa lutte pour essayer de l'oublier et son renoncement, comprenant qu'il ne peut pas vivre sans elle. Il va user de stratagèmes ingénieux pour garder le contact avec elle. Et puis, dans le présent, il y a Pauline, qui aime son travail, et qui aime de plus en plus Marcel, elle sait dédramatiser les soins qu'elle donne au vieux monsieur. Ce n'est pas évident de se faire laver par quelqu'un d'étranger, de montrer son intimité, mais Pauline arrive à mettre en confiance son patient, par de l'humour et surtout une extrême douceur.

Je me suis énormément reconnue en Pauline. J'ai moi-même été auxiliaire de vie auprès de personnes âgées, je sais combien c'est compliqué de les rassurer, de rentrer dans leur espace intime, de trouver leur confiance. Mais une fois qu'on l'a cette confiance, une relation très forte se met en place, au-delà du rôle soignant-patient. J'ai moi aussi rencontré des personnes comme Marcel, moi elle s'appelait Marthe. J'ai énormément pensé à elle en lisant ce livre. Lorsqu'elle est décédée, c'est comme si je perdais une personne de ma famille, ma grand-mère. Je pense encore très souvent à elle, et encore plus en lisant ce roman. C'est sûrement pour cela que je me suis sentie si proche de Pauline. Et j'ai ressenti le même attachement à Marcel. Je me demande souvent comment moi je ferai lorsque je vieillirai trop, que je devrais avoir l'aide de quelqu'un pour faire ma toilette ou autre. C'est, je dois bien l'avouer, une de mes plus grandes peurs pour mon futur. Je comprends aussi son envie de mourir, quand on n'a plus de famille, plus d'amis, pourquoi rester en vie.

Bref, pour tout cela, j'ai eu de très fortes émotions. le talent de conteuse de l'autrice fait aussi que l'on arrive à percevoir tout cela. Elle sait très bien décrire les sentiments des personnages, leurs états d'âme, sans jamais tomber dans le pathos ou le larmoyant. Tout était très vrai, tout sonnait juste.

Le choix de la narration à la troisième personne a été très judicieux, car il permet de garder tout de même une certaine distance avec les personnages, ce qui est bien dans le cas où ceux-ci sont forts et très empathiques. Je n'ai pas eu besoin d'une narration avec un « je » pour me mettre à la place de Pauline ou de Marcel et pour ressentir leurs sentiments. J'ai vraiment eu l'impression de vivre à leurs côtés, de participer à leurs échanges, de lire les lettres de Marcel, j'ai vécu auprès deux et les ai quittés avec beaucoup de regret, comme on quitte des amis qu'on sait qu'on ne reverra plus. La fin m'a bouleversée et ce n'est pas celle que vous pouvez vous imaginer. Je ne m'attendais pas à cela, et du coup, les sensations ont été décuplées.

 

Tout cela écrit d'une très belle façon, le style de Virginie Sarah-Lou est très beau, d'une extrême douceur et sensibilité. Les chapitres sont assez courts, on navigue entre le présent et le passé. Cela donne beaucoup de rythme à la lecture, et beaucoup de suspense. Au fur et à mesure que le passé de Marcel se dévoile, on a envie d'en apprendre plus, alors on essaie de lire plus vite. Et en même temps je ralentissais ma lecture pour rester le plus longtemps possible avec les personnages.

Même si le sujet est grave et triste, avec la vieillesse, l'amour perdu, il y a beaucoup d'humour dans ce livre. Marcel et Pauline se charrient souvent, blaguent, ils ont toujours un petit mot drôle. L'air de rien, ces touches d'humour dans des situations souvent difficiles dédramatisent, amènent des bulles de légèreté qui font du bien. J'ai souvent souri, même ri, j'ai adoré vraiment ce ton plus léger de temps en temps. D'ailleurs, je vous mets une citation à la fin de cette chronique sur le fou rire, j'ai trouve cela tellement juste et vrai que je voulais retenir chaque mot.

 

Bien que le présent soit daté en 2020, l'autrice nous explique au début qu'elle a pris le parti de ne pas parler du COVID et de ne pas le rajouter dans les faits. Au début, je me disais que cela aurait pu rajouter une dose de réalisme supplémentaire, et finalement, j'ai complètement oublié qu'on était en pleine pandémie en lisant le livre. Et je pense donc que c'est un bon choix. Pas la peine de rajouter le virus dans nos romans vu sa présence de tous les instants dans nos vies réelles. Je trouve donc le choix de l'autrice bienvenu. Cela permet au lecteur d'oublier son présent et de retrouver une vie normale, au moins dans un monde livre.

 

Vous l'aurez compris en lisant cette chronique, je me suis régalée avec ce roman. Je vais continuer de suivre cette autrice, car je passe à chaque fois d'excellents moments avec elle et ses romans. J'aime aussi les titres de ses livres qui commencent tous par « Et », tout comme ses couvertures qui se ressemblent. Cette particularité signe une marque de fabrique de l'autrice que j'aime beaucoup.

Comme le dit Virginie Sarah-Lou dans ses remerciements, ce roman est un feelgood sans en être un. C'est surtout une formidable histoire d'amitié, d'amour, un hommage à la vie dans ce qu'elle peut avoir de magnifique comme de triste. L'autrice nous dit qu'elle voulait décrire un attachement vrai, pur, authentique, complice. Eh bien, je peux lui dire que c'est complément réussi. Je ne peux que vous conseiller la lecture de ce livre, vous aussi, partez à la rencontre de Marcel et Pauline, suivez les, aimez les, ils ne vous laisseront pas indifférents.

De mon côté, je vais garder un excellent souvenir de cette histoire. J'ai lu ce livre en version numérique, mais je pense que je vais surement me le procurer en papier pour l'avoir dans ma bibliothèque, pour pouvoir le relire, le prêter, le faire connaître autour de moi. Il y a des livres qui marquent tellement que j'aime les toucher et les savoir resents dans ma bibliothèque.

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