La sonnette retentit et la porte d’entrée s’ouvrit sur une Pauline
enjouée.
— Bonjour, Marcel, me voilà !
— Chouette, ma couche commençait à croire qu’elle subissait une grève des infirmières.
— Vous n'avez qu’à boire un peu moins aussi, se moqua-t-elle gaiement.
— Bien sûr, pour crever desséché et désaltéré, merci du conseil médical, je note.
— De rien, j’adore rendre service.
Il ne put s’empêcher de sourire.
— Vous êtes encore plus peste que moi.
— Je m’adapte à mes patients, Monsieur Trucchini, répondit- elle avec un clin d’oeil amusé. Votre nuit s’est bien passée ?
— Ça vous intéresse vraiment ?
— Non, mais ça meuble la conversation.
Elle lui tira la langue, espiègle.
Le bonheur doit être saisi dès qu’on le frôle, ma petite, car il peut nous échapper à chaque instant, on ne peut pas le mettre en cage et le conserver autant que l’on voudrait. C’est aussi ce qui fait sa beauté... On ne sait jamais combien de temps il restera auprès de nous.
Les souvenirs sont un mélange de soleil et de pluie, de sel et de sucre, de sagesse et de folie
Il paraît que les chemins difficiles mènent aux plus belles destinations
Mélancolique suite à son échange avec Pauline, il bondit de
soixante-treize ans dans le temps pour atterrir devant ce lavoir.
Celui où il avait cru, dur comme fer, que sa vie serait parfaite au
bras de Jeanne, sa Jeanne.
Un fou rire, c'était l'amour de la vie qui s'ouvrait en grand devant votre âme et vous rendait votre liberté perdue. Un fou rire n'enlevait pas la peur du lendemain et du temps qui passe, mais il la mettait en pause durant quelques secondes de grâce
Les années filaient trop doucement lorsque l’être aimé était loin de nous, et bien trop vite lorsqu’il était au creux de nos bras… Pour ralentir à nouveau depuis son absence définitive. Le maître du temps était un sacré farceur
Et refuser la vie, c'est trop irrespectueux pour ceux qui ont lutté pour. Tu veux savoir ce que ça fait de perdre la femme de sa vie, mon ami ? c'est une longue agonie, une torture quotidienne, un tunnel sans fin. On devient schizophrène, on entend sa voix partout, on croit la voir dans la rue, on sent son parfum en se réveillant la nuit, on espère même que les esprits existent pour qu'elles viennent nous hanter... et puis le temps passe et on accepte de se souvenir des bons moments ensemble, sans culpabiliser d'être encore vivant.
On se dit toujours « plus tard », mais un jour, « plus tard » devient vraiment trop tard.
On souhaiterait toujours mettre les gens que l'on aime dans une bulle, pour leur éviter des souffrances, seulement, c'était impossible. Chacun devait faire son chemin et puiser dans ses ressources propres.