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Critique de Manyoth


~ Dystopie de la cécité ~

La littérature a ceci d'incroyable qui fait que, pendant la lecture de certains détails & par le recours à l'imagination, elle peut rendre celle ci insupportable, perturber & empêcher d'aller plus loin.
Elle entre par des raccourcis, s'invite dans le corps & en tire des émotions qu'on ne croit pouvoir éprouver, les fuyant comme la peste, intolérables, menaçantes & lancinantes.

Aujourd'hui, par cette lecture déconcertante & improbable, ce chef-d'oeuvre est parvenu à me briser le coeur, de la manière la plus violente & inattendue possible.

Un homme au volant de sa voiture, devant un feu rouge, devient subitement aveugle. C'est le début d'une épidémie qui se propagera à une vitesse fulgurante, forçant le gouvernement à placer les malades en quarantaine dans un ancien hôpital psychiatrique. Une ville innomée, des personnages sans nom, l'inconfort total, l'écriture est dérangeante, et les descriptions hors norme, on baigne dans la merde jusqu'à cou !

Saramago, démontre avec brio comment l'homme revient à l'état primaire & cède à ses pulsions les plus vils, un roman qui va au coeur même de la noirceur, le but ultime est de survivre, par conséquent tous les bas instincts sont réactivés !

Je pensais en avoir mangé par tous les orifices, vu de films en livres, de chansons en poèmes, et pourtant me voici sur le bord, retournée par la poignance irréelle de cette cécité, les joues couvertes de larmes ...

Il est des livres ainsi, qui vous laissent un plaisir plus sensuel qu'intellectuel, dans Soie, Baricco sollicite votre sens du toucher.
Dans le Parfum de Süskind, le souvenir est restitué surtout par votre odorat tout comme il l'est dans l'Aveuglement, à défaut de yeux, mais pour des raisons de désagrément !

Lugubre & barbare, cependant, je suis enchantée d'avoir pu éprouver ça avec un prix Nobel de littérature, et étonnée de lire qu'il n'est venu à l'écriture qu'à 58 ans...
Non, vraiment, pas commun !!
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