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Critique de Jolap


Nous sommes en 1429 et la guerre de Cent ans oppose le futur Charles VII installé à Bourges et l'Angleterre. Une guerre civile fait rage en France opposant quant à elle les Bourguignons pro-anglais et les Armagnacs fidèles au roi Charles.

C'est dans ce contexte que Fançois Sarindar, avec le talent que l'on connait, nous permet de savoir qui était vraiment Jeanne d'arc complètement dévouée à "son gentil dauphin" « en la débarrassant de tous les mythes et de toutes les fabrications idéologiques qui ont trop souvent accompagné les nombreux récits qui ont été faits de sa vie. »

« Que de choses on a fait dire à Jeanne, que de causes on a voulu lui faire épouser et que de fois on l'a embrigadée abusivement dans des camps où elle ne se serait peut-être pas compromise si elle avait été là pour faire connaître son opinion."
. (A ce propos il est amusant de constater qu'elle (Jeanne d'Arc) a été instrumentalisée par l'extrême gauche en 1830, En 1880 elle trônait chez les républicains modérés, en 1940 son image était reprise par le gouvernement de Pétain, ensuite elle a rejoint De Gaulle puis l'extrême droite depuis 1980 mais ceci est une autre histoire sortie du contexte de l'ouvrage en question !)

L'auteur nous offre un récit limpide et très instructif, fruit d'un travail intense sans aucun doute, de recherches nombreuses et inédites, de réflexions fournies tout cela couronné par une mise en forme des plus agréables. Quand il n'est pas sûr il écrit « probablement » et quand il est convaincu il tord le cou à nombre d'idées reçues et d'erreurs historiques en démontrant ses conclusions. Une enquête précise, une épopée chevaleresque c'est le moins que l'on puisse dire ! Une aventure incroyable c'est certain. Et si nos manuels scolaires avaient été parsemés de poudre de perlin-pinpin, trouvant ses sources tantôt dans la légende, tantôt dans les passages d'Histoire un peu édulcorés qu'il était de bon ton d'écrire, une sérieuse mise au point a été faite par l'auteur.

Jeanne d'arc ne manquait pas de tempérament. Volontaire, intuitive, courageuse et même téméraire, tenace, audacieuse ce n'était pas les joutes oratoires qui la rendait influente mais sa capacité presque virile à passer à l'action et à invectiver l'ennemi avec des mots brefs qui claquent : des ordres, de véritables mises en demeure. Et en matière d'action elle n'y allait pas de main morte cette très jeune femme . « Il n'était pas du goût de la pucelle de renâcler devant l'obstacle ».

« Roi d'Angleterre….je suis chef de guerre, et en quelque lieu que j'atteindrai vos gens en France, je les ferai aller, qu'ils le veuillent ou non et s'ils ne veulent obéir, je les ferai tous occire. Je suis envoyée par Dieu, corps pour corps, pour vous bouter hors de toute France. Et s'ils veulent obéir, je les prendrais à merci. ».


Nous sommes bien loin de l'image que Voltaire avait d'elle : « Non une inspirée, mais une idiote hardie qui se croyait une inspirée. » Un destin fourni pour une idiote!

Alors ce livre ? Quel intérêt en particulier ? Et bien celui de suivre Jeanne, sa véritable origine familiale, ses desseins, ses ambitions, ses projets, sa motivation exactement comme j'ai suivi il y a quelques semaines Lawrence d'Arabie. Voyager au plus près du corps et de l'esprit. S'approcher courageusement de ce volcan en éruption. Faire plus ample connaissance avec Charles VII décrit maintes fois comme « le petit roi de Bourges » qui lui aussi est loin d'être l'homme lâche présenté dans mes leçons de classe primaire mais « prudent et rusé », "diplomate". de constater qu'il n'a pas été toujours d'accord avec Jeanne loin s'en faut ! Qu'il « n'a pas manqué de courage et d'audace mais qu'il ne veut plus se laisser dicter sa conduite…… », cet ouvrage m'a permis aussi de mieux comprendre les manigances de l'évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, qui, en mauvaise posture vis-à-vis de son diocèse, n'hésite pas à "tricoter" un plan assez diabolique.

Jeanne, son procès, sa mort tragique, sa canonisation, François Sarindar nous invite au premier rang, non pour savourer l'horreur, non pour se vautrer dans des bains de sang, mais pour constater combien L Histoire est riche de ses actes, de ses symboles, de ses victoires, de ses défaites, de ses contradictions.

Jeanne d'Arc, une héroïne populaire, qui « n'avait peur de rien, sauf des trahisons. ». Cet ouvrage nous rassure pleinement. Elle n'a pas été trahie.



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