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Voilà une vraie biographie détaillée de Jeanne d'Arc qui porte en son titre l'inachèvement de sa mission puisqu'elle n'est pas parvenue elle-même à bouter les anglais hors de France, tout en ayant accompli l'essentiel avec la libération d'Orléans et le sacre de Charles VII.

Pour chaque étape de la vie de la Pucelle, François Sarindar s'attache à la vérité historique, évitant donc le piège où sont allés d'autres en dénaturant la vie d'une héroïne nationale, aussi bien à propos de sa naissance que de sa mission.

Ainsi, il analyse les différentes théories, au début du livre celle des "Bâtardisants" qui la voyaient comme une enfant naturelle de Louis d'Orléans et d'Isabeau de Bavière et, plus loin dans son ouvrage, celle des "Survivistes" alléguant qu'elle aurait échappé au bûcher.

Il présente de manière argumentée des détails pouvant paraître anodins pour le lecteur, mais importants pour l'historien, comme le moment de son départ de Domrémy et celui où elle a rencontré le dauphin à Chinon.

De même, l'action militaire de la Pucelle est étayée pour chaque opération de faits non contestables mettant une nouvelle fois à mal les narrations enjolivées ou les supputations devenues réalités dans l'esprit d'autres.

Cette approche de la réalité historique nécessite donc d'aller dans le détail, mais, ce qui pourrait paraître lassant pour ceux qui se contentent d'à peu près, devient richesse pour ceux qui veulent ancrer dans leur mémoire des faits pouvant être tenus pour certains.

François Sarindar décortique également la relation de Jeanne avec Charles VII tout en reconnaissant à ce dernier les qualités politiques acquises au fil du temps qui lui ont permis, par la voie politique, de parvenir peu à peu à achever la mission de la Pucelle en obtenant le départ définitif des anglais du royaume de France.

Le livre comporte de nombreuses citations des paroles de la Pucelle, que ce soit au cours de sa mission ou bien durant son procès. Il démontre hélas comment elle a pu être trompée par ses juges, sans doute du fait de son inexpérience en rhétorique, ne pouvant malheureusement pas persuader des gens qui avaient déjà décidé de la condamner.

Jeanne d'Arc est certainement la plus grande héroïne dramatique française et le livre de François Sarindar reconnaît parfaitement son rôle avec ses talents, ses convictions, ses erreurs, sa grandeur.
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J'avais découvert la plume de François Sarindar avec son premier opus, Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu. N'étant pas du tout calée sur le sujet, j'étais ressortie de ma lecture satisfaite, en ayant le sentiment d'avoir appris quelque chose. Car l'auteur ne s'était pas intéressé qu'au militaire. Il avait également pris en compte l'homme.

J'ai retrouvé ici ce même plaisir et cette fluidité dans l'écriture. On sent bien que cet historien a non seulement dû compiler des tonnes et des tonnes de documents, de sources etc. pour mener à bien son livre mais qu'il est, comme Jeanne, investi d'une mission. Il ne va pas bouter les anglais hors de France mais il va mettre à la porte tous les poncifs que l'on a pu lire jusqu'à présent. Et c'est justement ce que j'apprécie chez lui. Il n'apporte pas sur le marché un énième bouquin résumant tous les autres. Il va au-delà de cela et offre sa vision, son étude de ce personnage. Il replace cette grande figure dans son contexte, l'enlève de son piédestal, véritable carcan historique, pour que le lecteur puisse découvrir son humanité. Exit la petite bergère, exit les images d'Épinal. Place à L Histoire, au rôle qu'a voulu jouer la jeune fille et à celui qu'on a voulu lui donner. Car là est tout le problème : on a toujours une fâcheuse tendance à embellir le passé. Je prends au hasard quelques questions que se posent les Historiens : Jeanne était-elle réellement à la tête de troupes ? Je vous laisse le découvrir. En tous les cas, l'auteur réhabilite également ceux qui l'accompagnaient ou avec qui elle devait composer. Qui pourrait donner, à l'heure actuelle, des noms de capitaines ou d'hommes d'armes ? La focalisation sur la fameuse Pucelle a pu faire du tort à la mémoire de ces hommes dont le rôle fut tout aussi important. Jeanne a-t-elle été trahie par Charles VII ? Vous saurez tout ceci en lisant cet excellent ouvrage.

Je ne sais plus que dire... ce qui m'arrive souvent lorsque je suis enthousiasmée par un livre. Achetez-le, vous verrez à quel point il se lit bien, qu'on soit profane ou érudit. J'ai appris énormément de choses. Un dernier mot : un grand, très grand merci à François Sarindar-Fontaine pour nous faire partager ses recherches, ses analyses et, surtout, sa passion.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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En finir avec plusieurs légendes en s'appuyant sur les textes et les faits, tel était l'objet de ce livre. Des dizaines de biographies de Jeanne présentaient Charles VII comme un roi sans personnalité, influençable, entouré de favoris, qui abusaient de son manque de caractère pour influer sur le cours des événements dans le sens qu'ils voulaient lui donner. Charles VII, d'après les biographes de la Pucelle, ne serait devenu ce qu'il devait être et n'aurait exercé son "métier" de roi qu'après avoir fait sa mue en prenant maîtresse en la personne d'Agnès Sorel. Jeanne, capturée par les Bourguignons en 1430, livrée aux Anglais puis suppliciée sur un bûcher à Rouen en mai 1431, aurait donc été la victime d'un souverain médiocre, qui aurait manqué de reconnaissance envers cette jeune femme qui avait pourtant stoppé l'avance anglaise en rendant impossible la prise d'Orléans en mai 1429 et à qui Charles devait la couronne, déposée sur sa tête le 17 juillet 1429.
Tout ceci est le résultat d'une courte vision de l'Histoire.
Rétablissons les faits simplement :
- en 1420, Charles VI et Isabeau de Bavière écartent de la succession dynastique française leur fils, le futur Charles VII, et lui préfèrent le vainqueur de la bataille D Azincourt (livrée le 25 octobre 1415), le roi d'Angleterre, Henry V de Lancastre, qu'ils marient à leur fille, Catherine de France ;
- le futur Charles VII en conçoit des doutes sur sa naissance légitime, car le bruit courait qu'Isabeau avait des amants, notamment Louis d'Orléans assassiné en 1407, le pauvre mari de la reine, Charles VI, étant devenu fou et ayant été écarté de sa couche ; la duchesse d'Anjou, Yolande d'Aragon, avait pris le jeune Dauphin, futur Charles VII, sous sa protection et avait fait de lui son gendre en lui donnant comme épouse Marie d'Anjou ; en octobre 1428, les doutes taraudèrent encore un peu plus l'esprit du jeune Charles car les Anglais vinrent mettre le siège devant Orléans ; si la ville tombait, le verrou de la Loire sautait et c'en aurait été fini de l'existence du royaume de Bourges, car les villes et forteresses de Loches et de Chinon, où Charles résidait très souvent auraient été directement menacées ; désespéré, Charles entra en prière dans son oratoire et demanda un signe au ciel pour écarter de lui cette menace ; il confia sans doute ses craintes à son confesseur, Gérard Machet ; comme on ne savait plus quoi faire, on accepta de faire venir à Chinon une jeune habitante du Barrois mouvant, Jeanne la Pucelle, qui affirmait pouvoir aider le roi si on la plaçait à côté des troupes de ce dernier ; je suis pour ma part persuadé que c'est Gérard Machet qui a mis la jeune fille dans la confidence de l'oraison faite par Charles VII à la Toussaint 1428, et ceci expliquerait le rayonnement du roi à l'issue de son entretien avec la Pucelle ;
- dans ce livre, que j'ai écrit de 2010 à 2014, j'ai voulu mettre en évidence un point qui explique le différend entre le roi et Jeanne : celle-ci avait vu son village natal, Domremy, saccagé et incendié par les troupes bourguignonnes d'Antoine de Vergy, capitaine de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et elle n'avait donc que griefs à l'égard des Bourguignons ; Charles VII, au contraire, voulait faire oublier l'épisode dramatique de l'assassinat du père de Philippe le Bon, Jean Sans Peur, duc Bourgogne, sur le pont de Montereau, en 1419, meurtre que l'on pouvait lui imputer ; il n'avait donc en tête que de faire la paix avec le fils de Jean Sans Peur, Philippe le Bon, de détacher celui-ci de son alliance avec les Anglais, de mettre fin à la désastreuse querelle des Armagnacs et des Bourguignons qui permettait aux Anglais de "diviser pour régner" en France ; Charles VII avait raison : couronné et oint en juillet 1429 dans la cathédrale de Reims grâce à Jeanne, il perdit tous ses doutes, et mit en route son projet de réconciliation avec Philippe le Bon ; Jeanne ne comprit rien à ces affaires et continua sa lutte contre les Bourguignons devant Paris en septembre 1429, et ce fut l'échec, puis devant Compiègne en 1430, et ce fut la capture ; mais Charles VII ne perdit pas de vue son objectif, et, quatre ans après la mort de Jeanne, il obtint de Philippe le Bon la signature d'un vrai traité de paix connu sous le nom de traité d'Arras (1435) ; cela permit aux partisans du roi et aux Bourguignons de réunir leurs forces et de chasser les Anglais de Paris en 1436 ; la politique de retour aux bonnes relations franco-bourguignonnes était donc bien la bonne méthode pour chasser les Anglais du sol de France, et ce fut la condition de la reconquête ; Charles VII était donc un grand roi, et, à l'époque, il n'avait pas encore fait d'Agnès Sorel sa conseillère sur l'oreiller.
Voilà qui remet les pendules à l'heure et qui montre que Jeanne, emportée dans son élan, a surtout été victime de la fougue de sa jeunesse, et que c'est ainsi que s'explique sa capture et son martyre, et non à la suite d'une trahison.
Les faits parlent, cela n'enlève rien à la valeur de Jeanne mais cela valide aussi ce que je regarde comme l'intelligence politique de Charles VII.

François Sarindar (François Sarindar-Fontaine), auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015), et de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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Nous sommes en 1429 et la guerre de Cent ans oppose le futur Charles VII installé à Bourges et l'Angleterre. Une guerre civile fait rage en France opposant quant à elle les Bourguignons pro-anglais et les Armagnacs fidèles au roi Charles.

C'est dans ce contexte que Fançois Sarindar, avec le talent que l'on connait, nous permet de savoir qui était vraiment Jeanne d'arc complètement dévouée à "son gentil dauphin" « en la débarrassant de tous les mythes et de toutes les fabrications idéologiques qui ont trop souvent accompagné les nombreux récits qui ont été faits de sa vie. »

« Que de choses on a fait dire à Jeanne, que de causes on a voulu lui faire épouser et que de fois on l'a embrigadée abusivement dans des camps où elle ne se serait peut-être pas compromise si elle avait été là pour faire connaître son opinion."
. (A ce propos il est amusant de constater qu'elle (Jeanne d'Arc) a été instrumentalisée par l'extrême gauche en 1830, En 1880 elle trônait chez les républicains modérés, en 1940 son image était reprise par le gouvernement de Pétain, ensuite elle a rejoint De Gaulle puis l'extrême droite depuis 1980 mais ceci est une autre histoire sortie du contexte de l'ouvrage en question !)

L'auteur nous offre un récit limpide et très instructif, fruit d'un travail intense sans aucun doute, de recherches nombreuses et inédites, de réflexions fournies tout cela couronné par une mise en forme des plus agréables. Quand il n'est pas sûr il écrit « probablement » et quand il est convaincu il tord le cou à nombre d'idées reçues et d'erreurs historiques en démontrant ses conclusions. Une enquête précise, une épopée chevaleresque c'est le moins que l'on puisse dire ! Une aventure incroyable c'est certain. Et si nos manuels scolaires avaient été parsemés de poudre de perlin-pinpin, trouvant ses sources tantôt dans la légende, tantôt dans les passages d'Histoire un peu édulcorés qu'il était de bon ton d'écrire, une sérieuse mise au point a été faite par l'auteur.

Jeanne d'arc ne manquait pas de tempérament. Volontaire, intuitive, courageuse et même téméraire, tenace, audacieuse ce n'était pas les joutes oratoires qui la rendait influente mais sa capacité presque virile à passer à l'action et à invectiver l'ennemi avec des mots brefs qui claquent : des ordres, de véritables mises en demeure. Et en matière d'action elle n'y allait pas de main morte cette très jeune femme . « Il n'était pas du goût de la pucelle de renâcler devant l'obstacle ».

« Roi d'Angleterre….je suis chef de guerre, et en quelque lieu que j'atteindrai vos gens en France, je les ferai aller, qu'ils le veuillent ou non et s'ils ne veulent obéir, je les ferai tous occire. Je suis envoyée par Dieu, corps pour corps, pour vous bouter hors de toute France. Et s'ils veulent obéir, je les prendrais à merci. ».


Nous sommes bien loin de l'image que Voltaire avait d'elle : « Non une inspirée, mais une idiote hardie qui se croyait une inspirée. » Un destin fourni pour une idiote!

Alors ce livre ? Quel intérêt en particulier ? Et bien celui de suivre Jeanne, sa véritable origine familiale, ses desseins, ses ambitions, ses projets, sa motivation exactement comme j'ai suivi il y a quelques semaines Lawrence d'Arabie. Voyager au plus près du corps et de l'esprit. S'approcher courageusement de ce volcan en éruption. Faire plus ample connaissance avec Charles VII décrit maintes fois comme « le petit roi de Bourges » qui lui aussi est loin d'être l'homme lâche présenté dans mes leçons de classe primaire mais « prudent et rusé », "diplomate". de constater qu'il n'a pas été toujours d'accord avec Jeanne loin s'en faut ! Qu'il « n'a pas manqué de courage et d'audace mais qu'il ne veut plus se laisser dicter sa conduite…… », cet ouvrage m'a permis aussi de mieux comprendre les manigances de l'évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, qui, en mauvaise posture vis-à-vis de son diocèse, n'hésite pas à "tricoter" un plan assez diabolique.

Jeanne, son procès, sa mort tragique, sa canonisation, François Sarindar nous invite au premier rang, non pour savourer l'horreur, non pour se vautrer dans des bains de sang, mais pour constater combien L Histoire est riche de ses actes, de ses symboles, de ses victoires, de ses défaites, de ses contradictions.

Jeanne d'Arc, une héroïne populaire, qui « n'avait peur de rien, sauf des trahisons. ». Cet ouvrage nous rassure pleinement. Elle n'a pas été trahie.



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Jeanne La Pucelle (elle tient à ce surnom ) fut plus vive et plus intelligente que Wonderwoman, car elle sauva la France en 1429. Sans elle, je pense que vu le manque de confiance en lui du "gentil dauphin" Charles, nous serions Anglais.
.
François Sarindar, tu es un e-ami, donc je ne vais pas "t'assassiner" dans cette critique, surtout que je suis incapable d'écrire comme toi. Cependant, au début, j'ai eu du mal à rentrer dans L Histoire à cause des assez nombreuses digressions / parenthèses sur les "bâtardisants", digressions qui coupent "l'élan historique" passionnant par ailleurs. Peut-être eût-il été judicieux de faire des reports en fin de livre à chaque théorie bâtardisante ?
.
Ceci-ci dit, François, tu as une très belle plume, très érudite, et tu nous tiens en haleine pendant tout le livre. Raconter la Grande Histoire de cette façon, chapeau !
On sent la difficulté qu'a Jeanne à monter son projet, alors que les Français sont en train de se faire bouffer par les Anglo-Bourguignons.
Le livre montre bien les rapports compliqués entre Jeanne et Charles, le caractère entier, bouillant de Jeanne, les jalousies des vassaux, l'utilisation de la Pucelle, le machiste de l'époque et la "méfiance de classe sociale", etc...
.
Vous vous doutez que la partie "voix" m'a particulièrement intéressé. A la lumière de ce livre, je pense effectivement que Saint-Michel a parlé à Jeanne, et l'a tannée jusqu'à ce qu'elle se bouge pour remplir cette mission compliquée. Une fois qu'elle a commencé à prendre les choses en mains, il lui a énoncé les quatre buts (prédictions ) à accomplir en mars 1429, il l'a aidé à accomplir les deux premières en lui envoyant plein de messages, et en parlant, je crois, par sa bouche lors des actions décisives. Mais Saint Michel savait qu'il fallait aller vite, et que Jeanne, comme Jésus, serait sacrifiée. Effectivement, quand elle est arrêtée à Compiègne, victime de sa bravoure, c'est "une mission inachevée". Cependant, je pense que son maître-esprit, Saint-Michel, considère qu'elle a achevé son travail : elle a boosté Charles, et lui a redonné confiance. Une fois sacré à Reims, d'après les esprits, au roi de mener sa politique comme il l'entend. Les voix ne parlent plus à Jeanne, l'abandonnent. D'ailleurs, avec de la diplomatie, plus de temps, mais moins de morts, le roi a réussi à achever les dernières prédictions. : )
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Quant aux Bourguignons, en 1429 / 1430, ce n'était pas encore l'heure de les soumettre. Après les puissants Ducs Jean Sans Peur et Philippe le Bon, il y eût Charles le Téméraire qui se prit pour un roi, et voulu tellement raccorder les deux parties de son "royaume", Belgique-Hollande actuelles et Bourgogne, qu'il attaqua Beauvais, hardiment défendue par Jeanne Hachette en 1472, une autre héroïne, et qu'il mourut devant Nancy, en voulant conquérir la Lorraine pour raccorder la "haute Bourgogne" à la "basse Bourgogne", mais c'est une autre histoire : )
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J'avais lu, il y a quelque temps déjà, Jeanne d'Arc et le mythe du sauveur de Edouard Balladur. Un ouvrage beaucoup plus condensé, il est vrai, mais qui portait un regard sur le fait qu'on ait perdu pratiquement toutes nos guerres, quel qu'en soit le porteur d'émulation. Bien-sûr nous avons ici une thématique beaucoup plus développée et qui ne manque pas de nous mettre en lumière, l'image de la pureté par exemple. Ça voulait dire quelque chose en 1429, une jeune vierge se désignant comme un émissaire de Dieu et qui prônait sinon la paix, la victoire aux côtés de Charles VII ; le timide tout d'abord, puis dans un temps plus long, le victorieux. Mission inachevée donc ? Peut-être ! Mais en partie accomplie, tout de même. Après tout, sans pour autant se l'arracher, ni la brandir à toutes les sauces et comme certains de carrément se l'approprier, nous pourrions considérer qu'elle est intouchable et qu'elle fait partie du patrimoine. En tout cas c'est ainsi qu'on nous l'a présentée la première fois, dans nos bons livres d'histoire. À quoi bon alors ? Mais alors quoi ? Il n'est pas question ici de la poser plus ici que là, mais d'entendre toutes les voix, celles qui résonnent aujourd'hui, au clairon de notre contemporanéité où l'on retrouve, des Sceptiques, des Bâtardisants et mêmes des Survivistes. Mais, dans un camp comme dans l'autre, le mieux est encore d'entrer dans le vif du sujet et là, je dois dire que François Sarindar ne nous facilite pas la tâche, nous laissant maîtres et ne balisant les pistes que pour nous en présenter tous les possibles, sans jamais pencher plus d'un côté que de l'autre si ce n'est celui plus avéré, des vérités historiques.
Donc, une belle chevauchée.
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La guerre de Cent ans fait rage. le roi anglais Henri V se prévalant de la folie de Charles VI de Valois, renforce son alliance avec les Bourguignons et se fait sacrer roi de France.

Dans le petit village de Domrémy, une jeune paysanne très pieuse entend des voix célestes l'enjoignant de libérer le pays du joug anglais et de faire couronner Charles VII. La suite est connue : à 17 ans, voilà Jeanne fougueuse et sans détours qui harangue le Dauphin pour libérer Orléans, ce qui sera fait le 8 mai 1429, puis, ce sera le couronnement à Reims le 17 juillet, quelques mois plus tard l'échec de la libération de Paris et enfin, l'arrestation de Jeanne lors du siège de Compiègne, son procès et sa condamnation au bûcher à Rouen le 30 mai 1431.

Le livre de François Sarindar n'est pas un roman, c'est un livre d'histoire qui, a priori, pourrait sembler rébarbatif, bourré de dates, de faits d'armes, de traités de paix et de trahisons répétées. Il y a de cela, bien sûr, mais les détails, tout ce questionnement à propos de la légitimité de Jeanne, de ses rencontres avec Charles VII, de son éviction systématique des réunions militaires, de ses rapports avec les chefs de guerre, de son appréhension du rejet, de sa participation active à la tête des troupes, tous ces détails longuement examinés et minutieusement décrits par l'auteur sont des bonbons que j'ai savourés avec gourmandise.

Ce livre est l'oeuvre d'un chercheur sérieux et passionné qui sait communiquer sa passion car il connaît L Histoire sur le bout des doigts. Il a dû en consacrer des mois et des années peut-être à collationner, vérifier, croiser l'impressionnante littérature qui existe sur La Pucelle pour fignoler une telle biographie.

Beaucoup de points d'interrogation subsistent et ils sont abordés avec honnêteté et simplicité. L'auteur n'est ni un adorateur de Jeanne ni un contempteur de Charles VII. Jeanne est-elle une véritable héroïne ou une simple mascotte ? Charles VII s'est-il servi d'elle jusqu'à son sacre ou avait-il une réelle estime pour la jeune fille ? Quelle est la part du roi dans l'arrestation et la vente de Jeanne aux Anglais ? Qu'a-t-il fait pour la remercier de ses actes de bravoure ?

Bouter les Godons hors de France était le but commun de Jeanne et de Charles VII mais leurs opinions divergeaient grandement pour le réaliser. La patience et la diplomatie étaient les armes du roi, l'impétuosité et le courage étaient celles de Jeanne.

Des notes explicatives complètent ce texte pointu et brillant et une bibliographie par thèmes est proposée. Des chroniqueurs aux minutes du procès de Jeanne, de ses contemporains à ses lieux de détention, des ouvrages polémiques aux scénarios de cinéma, de la littérature hagiographique aux pièces de théâtre, ces deux années qui ont fait de Jeanne une héroïne nationale n'ont pas cessé d'aviver l'intérêt des historiens et des amateurs d'histoire.

Le livre de François Sarindar est tellement enrichissant qu'il mérite d'être lu et relu.

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Après Lawrence d'Arabie qui fut une agréable surprise pour moi, c'est avec grand plaisir que je retrouve l'auteur François Sarindar dans un autre thème historique: celui de Jeanne d'Arc. J'ai un peu étudié ce personnage, surtout à l'école primaire et vu quelques films à son sujet ( j'éviterai d'évoquer celui de Luc Besson...)

La pucelle d'Orléans, autrement dit celle qui a "bouté les anglais hors de France" était une personnalité entière, complexe et sans doute trop innocente pour une période politique gangrenée par la guerre de Cent Ans et les luttes intestines entre Armagnacs et Bourguignons. Sans retracer toute l'histoire de ce protagoniste de sa naissance à sa mort au bucher de Rouen, je serais tentée de dire que Jeanne a vraiment cru aux voies divines qui lui parlaient, peut-être trop et que sa foi profonde l'a sans doute perdue, ignorant également qu'elle arrivait au bon moment pour notre bon roi Charles le septième, fils du dément Charles VI. Elle était jeune et innocente,ne connaissant rien du monde des hommes ni de la politique, motivée et très empressée par ses projets. Sans doute une erreur de jeunesse mais qui fera son courage.
Encore une fois, l'ouvrage de l'auteur fourmille d'informations bien argumentées et pertinentes! Merci François pour ce beau livre!
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Les biographies et autres ouvrages sur Jeanne d'Arc ne manquent pas, car s'il est un personnage historique (et religieux) qui a fait couler beaucoup d'encre, c'est bien celui-là ! François Sarindar n'a pourtant pas hésité à poser sa pierre sur l'édifice élevé à la gloire de la Pucelle. Avec la passion et la recherche exhaustive qu'on lui connait, il réussit le tour de force de donner un éclairage nouveau sur la vie de celle qui renversa le destin de la France sous Charles VII. « Une mission inachevée », c'est la fougue d'une jeune fille, sûre de son droit, pour reconquérir le royaume, avec pour seule arme son courage et sa foi. À cela, l'auteur souscrit à la tradition de l'origine plébéienne de l'héroïne. Avec une analyse minutieuse, pertinente et logique, il élimine la thèse des « Bâtardisants » qui prétendent faire de Jeanne une fille de la noblesse, comme il balaye avec brio l'autre supposition qui voudrait qu'elle soit un homme au lieu d'une femme, et lui redonne ainsi toute sa force guerrière. C'est cet aspect préservé de la jeune fille auquel François Sarindar va s'attacher, laissant à d'autres le soin de relater sa triste fin. Il va démontrer comment Charles VII, d'abord entraîné et porté par son élan triomphant, va peu à peu renouer des fils politiques qui ne pouvaient correspondre au tempérament intègre et intrépide de la Pucelle. Nous la suivons donc, le long de cette épopée incroyable, guidant ses troupes, faisant fi des conseils des autres chefs de guerre pour arracher de spectaculaires victoires. Mais tout en s'appliquant à détailler son épopée avec rigueur, l'auteur ne tombe jamais dans la facilité d'accrédité ou de contrer la légende : la notion des Voix entendues par Jeanne est traitée avec finesse et remise dans le contexte de l'époque. Lorsqu'il ne combat pas les extrapolations hasardeuses, François Sarindar a le bon goût de laisser le lecteur évaluer lui-même la situation sur les pistes qu'il propose, avec l'humilité du chercheur qui sait qu'il ne peut pas tout décrypter de cette époque lointaine. On peut s'interroger aussi sur cette notion de sainteté qui se grise de combat, favorisée par un Dieu répondant à des prières qui ne seraient pas les mêmes du côté anglais… À cette richesse s'ajoute le plaisir de lire car le style de François Sarindar est fort agréable. Un ouvrage de référence.
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M. Sarindar, dont nous avons la chance de lire régulièrement les critiques sur Babelio, nous offre ici un ouvrage fort bien construit dans un style clair et précis. Il maîtrise son sujet avec brio et nous livre une documentation riche en détails, des références multiples et une approche critique des ouvrages qui ont précédés le sien. Son point de vue est toujours nuancé, le lecteur n'y reçoit point l'information passivement mais est appelé à réfléchir avec l'auteur autour d'une argumentation raffinée et féconde. Éclairant les événements à la lumière des faits comme doit le faire tout historien qui se respecte, il ne tombe cependant jamais dans la démystification facile et respecte la portée symbolique des personnages et de leurs actions, leurs intentions et leur humanité (je pense entre autres à la façon dont il aborde la question des « voix » qui guident Jeanne).
Les enjeux sont exposés de façon dynamique, les incertitudes de l'histoire ne sombrent pas dans le doute mais incitent à un dialogue où l'auteur garde avec assurance ses positions en maintenant ouverts les débats.
Un livre à lire pour quiconque s'intéresse à Jeanne d'Arc et à la Guerre de cent ans.
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