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Critique de Gerard17200


Je suis ressorti de cette lecture complètement rincé. Rincé mais heureux, rincé mais subjugué. Rincé parce que cette lecture est très exigeante. Notre attention doit rester soutenue du début à la fin, nos neurones sont soumis à rude épreuve. Tout est A++ dans ce roman : le vocabulaire, le style, la construction littéraire, il n'y a rien à jeter !

J'ai passé mon temps à surligner des phrases tellement elles sont bien écrites, j'ai consulté Google (on ne dit plus « Le Petit Robert » de nos jours) un nombre incalculable de fois…. cette précision du mot juste, c'est bluffant !

J'ai retrouvé la mise en abyme, procédé utilisé dans un des romans que j'avais lu récemment (L'Ombre du vent). Dans « La plus secrète mémoire des hommes », l'auteur sénégalais ( Mohamed Mbougar Sarr) évoque un jeune écrivain sénégalais contemporain en devenir (Diégane Latyr Faye), qui fait des recherches au sujet d'un écrivain/poète sénégalais (Elimane), disparu sans laisser de trace, après avoir publié un roman magistral en 1938, lequel n'a hélas pas rencontré son public pour des raisons que le lecteur découvrira au fil du récit.

C'est la littérature qui est le thème principal du roman de Mohamed Mbougar Sarr. La littérature et ses serviteurs, les écrivains. Et plus particulièrement les écrivains africains, ceux qui ont reçu une double culture, celle de l'Afrique et celle de la France.
A quoi sert la littérature ? Pourquoi écrire des livres ? Un écrivain d'origine africaine ne se dénature-t-il pas en écrivant en français ? Un roman peut-il être la somme de tous les romans ? Peut-on survivre lorsqu'on a écrit son Roman, celui après lequel vous n'avez plus rien à dire ?

Nous voyageons dans le temps et dans l'espace. Nous traversons le vingtième siècle jusqu'à nos jours (2018), le Sénégal et la France à travers les différentes péripéties qui jalonnent l'Histoire : la colonisation, la première guerre mondiale, l'entre deux guerres, les décennies qui se suivent et ne se ressemblent pas. Nous partons à Amsterdam et à Buenos Aires. Et nous finissons là où tout a commencé : au Sénégal. Avec toujours la littérature comme boussole.

Nous découvrons le jeune Diégane Latyr Faye, ses amours, ses ami(e)s parmi lesquels l'écrivaine sénégalaise Siga d'(l'araignée-mère), rouage essentiel de ce roman . Elle fait la liaison entre le passé et le présent, elle est la mémoire de l'histoire d'Elimane, le personnage central de ce roman. Elimane, le Rimbaud nègre qui a volontairement disparu des radars et s'est muré dans le silence après l'échec et la cabale contre son roman « le labyrinthe de l'inhumain ».

Personnellement, je n'ai jamais été déçu par les Goncourt que je lis chaque année depuis une quinzaine d'années. Les romans primés le sont toujours pour de bonnes raisons, qui ne sont pas forcément les mêmes d'une année à l'autre. Évidemment, les choix ne peuvent pas plaire à tout le monde. Il me semble que c'est au lecteur de s'adapter, tout en sachant qu'il a toujours devant lui un roman de grande qualité. le prix Goncourt 2021 n'est pas facile. Il se mérite. Pour moi, c'est une véritable pépite.

Chapeau l'artiste !
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