Les hommes sont lâches quand leur esclavage est confortable. Brisez ce confort, vous ébranlerez l'homme et tuerez en lui l'esclave.
On ne gagne jamais devant nos déchirures. On les abandonne seulement. Malgré nous.
La lutte des classes est le moteur de l'histoire. La faim est le moteur de la lutte des classes.
La guerre, c'est aussi cela: l'impossibilité de demeurer un enfant alors même qu'on l'est.
Il est plus facile de battre une femme que de l'aimer.
Obéir est facile pour un homme qui n'a aucun souci personnel. Le faire désobéir seulement parce que la situation générale de tous les hommes est indigne est impossible.
Les fanatiques exaltés sont les moins à craindre: leur propre bêtise, dont ils n'ont pas conscience, suffit à les condamner; elle les réduit à la triste et tragique dimension d'histrions. Mais les fanatiques froids, dont l'exaltation folle ne se traduit qu'à travers ce calme épouvantable et cette précision clinique qu'ils mettent dans tous leurs gestes, voilà des hommes que la raison autant que le coeur doit craindre.
Et pourquoi n'y a-t-il plus de chiens?
- On les a tous tués et entassés à la sortie de la ville, vers le sud. (...) On les a tués, car on dit que ce sont des animaux sataniques, qui attirent le Diable.
Etre en guerre, c'était pour lui, simplement, ne pas accepter la mutilation de la mémoire, que l'habitude du malheur, de la peur ou du désespoir finit par infliger. La tristesse n'est pas la fatale teinte de la nostalgie. Lorsqu'on la dépouille du regret, de la mélancolie et de l'amertume, elle n'est plus que légèreté ; légèreté et, sans qu'il y ait contradiction, extraordinaire densité du temps du bonheur qui revient.
Simplement, personne ne lui a expliqué qu'il grandissait. Personne ne lui a appris à devenir un homme en si peu de temps. Il a été obligé de le faire seul, avec ses restes d'enfance, avec ses erreurs, ses regrets, ses peurs, ses ignorances, ses douleurs et ses secrets. Je crois... Je crois qu'il a tout simplement besoin que quelqu'un soit là pour lui dire qu'être un homme, ce n'est pas renoncer au royaume d'enfance.