Ce second roman confirme la suspicion de
Nathalie Sarraute envers les fameux personnages littéraires qu'elle avait mis en évidence dans
Tropismes. Les pronoms se substituent régulièrement aux noms propres, mais surtout les personnages sont décrits, principalement, avec le point de vue du même narrateur. A la manière de
Proust ou de Joyce, se dessinent des personnages qui ne sont le fruit que du monologue intérieur d'un narrateur principal quelque peu paranoïaque sur les bords. Un jeune homme à l'esprit rêveur qui ne manque pas une occasion (un simple regard, une attitude, un mot, une intonation) pour mettre en route ses délires interprétatifs. Mais je trahirais l'esprit du roman si je laissais entendre que le narrateur est une sorte d'original. Car la banalité des situations auxquelles il est confronté fait qu'il assure pour son lecteur un rôle de miroir.
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