On ne lit pas les oeuvres de
Nathalie Sarraute pour l'histoire.
Sarraute elle-même est la première à reconnaître que, dans ses ouvrages, « après les différentes phases par lesquelles on passe, tout se termine presque toujours par rien (...) : qu'est-ce qu'il y a, qu'est-ce qui s'est passé ? Mais rien ».
Apparemment affranchie des contraintes de l'histoire, elle affirme qu'en écrivant elle erre « à l'aventure, dans la solitude, sans soutien. Je m'avance je ne sais où ».
Et pourtant, il y a bel et bien une histoire dans les écrits de Sarraute. Mais elle tourne autour d'un « rien » qui se dérobe tout en se désignant. La littérature de Sarraute se donne pour but de « ra conter » l'histoire impossible des
tropismes — ces mouvements fuyants, rythmiques, à peine conscients, qui participent d'un ordre de « réalité » que, dans les essais de l'Ère du soupçon, l'auteur nomme le : « noyau dur (...) un foyer de chaleur qui irradie (...) quelque chose (…) qu'on ne sait désigner autrement que par des termes imprécis, tels que « la vérité » ou « la vie ». C'est à cette réalité-là qu'avec
Nathalie Sarraute nous revenons toujours.
Les
Tropismes contient en germe tout ce que cet auteur allait développer dans ses ouvrages suivants, c'est « la substance de tous mes livres ».
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