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Citations sur Mornes saisons (9)

Il s'aperçut que, chez les êtres venant à la vie, malgré les différences entre un insecte et une plante, une image commune se révélait. La nature, en elle-même, n'était sans doute régie par aucune règle. Mais, en l'observant, à tout le moins, l'homme pouvait y discerner à sa guise telle ou telle loi. En regardant plus attentivement, il distingua, au beau milieu de la tête plate de l'insecte, quelque chose d'une petitesse extrême, d'une couleur de rubis, mais d'un éclat plus vif encore, qui s'y trouvait enchâssé à la perfection.
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On ne peut se lasser de la lune. Plus on la regarde, plus elle devient belle. Toute personne qui a une fois joui à satiété de la lune en tombe amoureux, c'est naturel. La lune croît, décroît, renaît. Ce cycle ravit, puis attriste tour à tour l'âme de ceux qui l'aiment, leur demande un amour plus grand encore. Lorsqu'il devient, comme à moi, impossible de dormir sans avoir au moins jeté un coup d'oeil sur la lune, on le comprend d'autant mieux.
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Quelle véritable richesse d'expression trouvait-on chez ces animaux ! Ils avaient beau avoir été trompés dans leur attente plusieurs fois de suite, ils refusaient de se départir de la conviction que leur maître était nécessairement plus adroit qu'eux pour attraper les sauterelles. A chaque fois qu'ils le voyaient se mettre en position et avancer son bras, ils abandonnaient l'insecte qu'ils avaient eux-mêmes déjà quasiment capturé, et surveillant sa main, ils restaient dans l'attente des bonnes grâces qu'il voudrait bien leur accorder, autant de temps que cela demandât. De la paume vide qu'il leur avait tendue, il caressa un moment la tête de ses deux chiens déçus. Peut-être satisfaits de ses caresses, les animaux remuèrent la queue. L'attitude de ses chiens – leur foi aveugle – et son incapacité à répondre à leur attente lui faisaient éprouver un sentiment douloureux.
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Malgré tout,pourtant,la durée de toute paix,de tout bonheur,est toujours bien courte dans une courte vie.C'est exactement comme une silhouette d'oiseau dont l'ombre tombe brusquement sur les cloisons à claire-voie éclairées par le soleil d'automne.Apparue soudain et soudain disparue.A l'instant où on l'aperçoit,l'on éprouve d'un seul coup un étrange sentiment de solitude.
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La vie était une force conquérant instant après instant tout ce qui l'entourait, l'avalant, en aspirant l'énergie à l'intérieur d'elle-même, et la transformant en un flot parfaitement uniforme. Sur le plan physique, c'était un phénomène qui se révélait très clairement. Et sur le plan de l'âme, tout comme sur celui de l'esprit, il devait en aller de même, certainement. Or cette force mystérieuse, qui fonctionnait en absorbant les substances extérieures pour les réunir en son sein, était alors en train de se retirer peu à peu de lui. Ou plutôt il n'était qu'en train, instant après instant, de laisser s'éparpiller son être propre, celui qu'il avait été jusqu'à présent.
Ce fut à ce moment qu'il remarqua que les ténèbres étaient une réunion compacte de choses en remous, et qu'elles possédaient en outre une pesanteur.
Ses émotions et ses peurs changèrent ainsi progressivement de forme, pour ne plus rien avoir de vraiment commun avec les émotions et les peurs des autres hommes du monde réel. La solitude, l'oisiveté et leurs sœurs sont douées d'une force des plus étranges.
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Cette végétation diverse avec ses branches et ses feuilles foisonnant sans retenue, au regard de l'ensemble du jardin, était d'une sombre mélancolie, comme le spectacle de cheveux en désordre pendant sur le front couleur de plomb d'un fou. Ces plantes et ces arbres avaient une pesanteur invisible, écrasant le jardin qui n'était pas si large, et on avait aussi l'impression qu'ils avaient encerclé à distance le bâtiment qui se trouvait en leur centre et étaient sur le point de l'engloutir.
Mais ce qui lui donna le plus grand sentiment d'horreur, ce n'était pas cette violente détermination dont faisait preuve la nature. C'était au contraire les derniers vestiges d'élégance d'une organisation agencée par la main de l'homme, qui conservaient une existence ténue au sein de ce chaos. C'était le fantôme d'une volonté.
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« Mais ce qui lui donna le plus grand sentiment d’horreur, ce n'était pas cette violente détermination dont faisait preuve la nature. C'était au contraire les derniers vestiges d'élégance d'une organisation agencée par la main de l'homme,qui conservaient une existence ténue au sein de ce chaos. C'était le fantôme d'une volonté. »
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Alors qu'il scrutait la colline sous tous ses angles, quelque chose lui revint enfin à l'esprit et il sortit ses lunettes d'un tiroir de son bureau. Il souffrait d'une forte myopie, et pourtant ces derniers temps il lui arrivait de simplement oublier de mettre ses lunettes. Comme depuis peu il ne faisait plus rien, il n'en avait quasiment aucun besoin en effet. Il ne se rendait pas compte que de ne pas les mettre aggravait encore son état dépressif. Lorsqu'il les eut mises, le monde lui apparut sous un aspect tout différent. Ce jour-là, il put distinguer entre ciel et terre la présence de ce qui semblait être de l'allégresse.
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Chaque soir, le ciel était embrasé par le soleil couchant. Mais ce n'était plus, comme deux ou trois semaines auparavant tout juste, un ciel incendié d'un rouge intense. Dissimulant en arrière-plan, tout au fond, une joyeuse couleur jaune, il n'était rouge qu'en surface. Ce n'était pas un embrasement menaçant, qui annonçait la chaleur le lendemain, mais des reflets empourprés qui promettaient un temps radieux. Au nord-ouest dans le ciel, entre les creux des collines relativement proches, le mont Fuji montrait sa tête, toute blanche, et brillait avec netteté au milieu du firmament rougeoyant. Cette montagne, si célèbre qu'elle en avait acquis une dimension triviale, parvenait à conserver sa beauté d'origine parce qu'elle ne laissait apercevoir qu'une toute petite partie d'elle-même.
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