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Critique de La-page-qui-marque


Le projet ambitieux de Tristan Saule, faire une chronique d'une place de ville de banlieue au rythme d'un livre par an, m'a tout suite attirée. Après Mathilde n'a rien dit, je me réjouissais de retrouver l'ambiance si particulière du lieu avec Héroïne. Une fois encore la magie a opéré. Tristan Saule nous propose un voyage en 2020 alors que la pandémie menace et que la pression monte dans les hôpitaux comme dans les rues.

Laura travaille comme infirmière à l'hôpital de Monzelle. Elle vit dans un appartement donnant sur la place carrée. Elle est amoureuse d'une femme en couple et souffre de la situation. Tonio deale aux pieds des tours de la place. Un jour, une grosse opportunité se présente à lui. Il connaît les risques mais tente quand même le coup. Il aimerait pour une fois jouer le premier rôle. Dans le quartier, chacun vivote et galère. Thierry ne peut plus payer les couches de son bébé, Joëlle n'ose plus appeler sa fille tant elle se sent démunie et Idriss trompe le temps en attendant que l'école ouvre de nouveau.
Par paragraphes successifs, l'auteur nous raconte les vies croisées des habitants de la place carrée. Les itinéraires de Laura et Tonio s'entremêlent à ceux de leurs voisins. Il construit de manière brillante un roman polyphonique saisissant. Avec une construction presque cinématographique, il fait monter crescendo le rythme de son roman. Comme pour renforcer ce lieu avec le cinéma, Tristan Saule ponctue son roman de réflexions sur les différences entre la vie réelle et le cinéma. Très addictif, ce roman se lit presque d'un souffle et se termine dans un final grandiose.

Si le covid et le confinement constituent la trame de fond du livre, il n'en sont pas le sujet. L'auteur réussit brillamment à nous replonger dans cette période d'incertitude et nous faire ressentir l'impact du confinement sur les populations de banlieue. Il montre aussi la pression folle qui s'est emparée des hôpitaux et les angoisses qui ont embrasé la population. Il réussi à traiter d'un événement encore très présent dans la mémoire de chacun avec déjà une forme de recul. Son sujet, ce sont les personnages et la manière dont ils mènent coûte que coûte leur vie. Les aléas du covid sont des entraves supplémentaires à une existence faite d'obstacles et de difficultés.
Si l'intrigue autour de Tonio et Laura m'a beaucoup intéressée, j'ai adoré suivre les personnages secondaires également. On retrouve avec grand plaisir Mathilde, Idriss et Louness. J'ai eu une tendresse particulière pour Manouche, sorte de gitan vivant dans un baraquement près de la SPA de magouille en tout genre. le passage où il raconte sa vie est passionnant. Tristan Saule a un véritable talent pour créer des personnages incarnés.

J'ai adoré retourner sur la place carrée et je me réjouis de la sortie prochaine d'une troisième tome ( en janvier 2023)
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