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Critique de Guz


Guz
15 octobre 2018
Miriam a fait une très bonne critique de ce livre ici même. Donc je ne souhaite pas répéter la même chose - En revanche je souhaite vous vous faire parvenir mes notes :

Rencontre avec Roberto SAVIANO – le 8 octobre 2018 – dans les murs de la Maison d'Edition GALLIAMARD pour la parution de son premier roman PIRANHAS – (en italien : LA PARANZA DEI BAMBINI.)

Ci-dessous quelques verbatims tirés de cette conférence :

« Un phénomène tout à fait nouveau : à Naples, les gamins de 14/5/16 ans deviennent des chefs mafieux. Pourtant ce ne sont pas des enfants qui ont faim, ils ne font pas partie de la mafia déjà établie.

C'est l'effondrement économique de la petite bourgeoise qui est à l'origine de ce phénomène.

Ils n'ont pas le temps d'attendre, leur projet est de gagner rapidement de l'argent -ils peuvent gagner 100 à 150 000 euro par mois- , en profiter et mourir.

Mourir n'est plus un risque mais une nécessité. Vieillir est une faute.

Ils veulent tout, tout de suite. Ils vont dans des magasins vendant des baskets et demandent une paire de chaque marque.

Il y en a un de 10 ans qui a braqué (si je me rappelle bien) un mafieux qui lui a dit « Mais je ne vais pas avoir peur d'un gamin de 10 ans ». le gamin en question a répondu : « J'ai mis 10 ans pour arriver à aujourd'hui, mais il me faut une seconde pour te tuer » et il a tiré et l'a tué ! (Il se peut que cette anecdote vient d'un autre interview !)

Un autre, mort à 19 ans, a laissé derrière lui une femme et deux enfants !

Ils commencent tôt et veulent tout de suite. Seul le présent compte. »

Lorsque Saviano a rencontré quelques un d'entre eux qui étaient en prison, ils lui ont demandé : « Quel âge as-tu ? »

« 38 ans » répondit Saviano au gamin qui rétorqua : «Tu as 38 ans, tu n'as toujours pas tué, tu n'es rien. »

« Je suis né à Naples et j'ai vu mon premier cadavre quand j'étais au collège. Je n'étais pas épouvanté mais ma curiosité a été fouettée. Après j'ai vu des dizaines de cadavres car avec mes amis on les cherchait. Des fois on s'approchait pour sentir le cadavre pour savoir ce qu'il avait mangé avant d'être tué. »

Saviano dit, en parlant des périphéries : « A Naples la périphérie se trouve au milieu de la ville. »

Il poursuit :

« Dans ma jeunesse : un bon mécanicien était respecté. Mais aujourd'hui tout a changé : la seule chose qui compte c'est l'Argent et cela est valable pour toutes les couches de la société. Celles d'en bas n'ont pas le temps de gagner de l'argent donc ces gamins choisissent cette voie. La société n'a pas apporté la sécurité nécessaire et maintenant le seul salut est devenu l'argent.

Quand on investit 1 000 euros dans le commerce de la drogue au bout d'un an on gagne 64 000 euros.

Si on investit plus, on gagne plus évidemment. Et avec cela on peut changer de vie. »

« le lien avec le DAESH est évident. Bien que catholiques, les jeunes de Naples crient « Allahu Akbar » avant de commettre leurs crimes. Ils laissent pousser leur barbe comme eux.

Les deux sont prêtes à mourir.

Il ne faut pas dire que la violence ne fait pas partie de la culture européenne. C'est quoi à Naples, si ce n'est de la violence ?

On me critique car avec mes livres il paraît que je donne des idées mais je ne raconte que la vérité. »



Quant à moi, j'ai posé la question suivante :

« Achat des votes, le crime organisé nourri par la chair fraiche, plus fort que l'Etat. Comment expliquez-vous que la démocratie soit à ce point tolérante ? D'après vous est-ce que la démocratie est devenue un leurre à ce stade de son existence ? »

Il répond : (mais je ne comprenais pas toujours ce que le traducteur traduisait – je compte lui écrire pour reposer mes questions).

« Question intéressante, dans les lieux que j'évoque, la démocratie manque.

Chez vous, dans les banlieues, la drogue est vendue par des maghrébins. Mais comment la drogue vient-elle jusqu'à eux ? En France, personne ne parle de la Mafia Corse ni des cartels. C'est un problème de démocratie, ce n'est pas un problème de répression policière. Comment lutter contre le capitalisme criminel. »



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