AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de dannso


Un titre intrigant, une couverture splendide, une quatrième qui évoque cette ville mystérieuse, Ys, dont tous les bretons connaissent la légende, quelques critiques alléchantes sur Babelio, il fallait au moins cela pour me convaincre d'ouvrir ce pavé, pas si longtemps après celui de Karl Marlantes, Faire bientôt éclater la terre.

Ys, dans ce roman, c'est une ile dans l'océan Atlantique, quelque part entre Ouessant et Terre-Neuve, un lieu d'échange pour le commerce maritime, une terre indépendante que ni les Anglois, ni les Francois, n'ont réussi à dominer

Ys c'est un peuple, fils de marins, puisqu'il fallait forcement être marin pour y arriver. Mais c'est aussi un peuple où ce sont les femmes qui jouent un rôle prépondérant :
« La plupart des Issois ont été mis au monde et élevés par leur mère tandis que leur père était en mer, donc absent. D'où viendrait la vaillance issoise si ce n'est des femmes qui la transmettent aux enfants ? »
Mais, un peuple divisé cependant après plusieurs générations entre les terriens qui restent sur l'ile, et les aventuriers, marins, guerriers qui ne vivent bien que sur leur bateau.
C'est aussi un peuple divisé entre les privilégiés, qui vivent derrière les murailles de la cité, et les riverains menacés de noyade à chaque équinoxe, quand la mer monte beaucoup plus haut que d'habitude. Ces privilégiés désignés lors des Saines Rotations peuvent avoir un invité, et pas plus et ce privilège ne se transmet pas.

Ys, c'est tout un monde imaginé par l'auteur, qui décrit toute une histoire, nous donne un calendrier des évènements principaux qui ont jalonné l'histoire de l'ile, avec ce mystérieux Massacre des premiers hommes qui sert d'année zéro à ce calendrier. En tête du livre figurent aussi des cartes de l'ile avec ces noms de lieux évocateurs, le cap Nordant, les Échouements ou encore les Criardes. C'est aussi un système politique, qui a évolué au cours du temps, et qui vivra pendant les années couvertes par le livre une énième révolution.
La minutie, le sens du détail et l'imagination avec lesquelles Dominique Scali a créé cet univers me fait penser aux univers créés en Fantasy. Mais ici ce sont des hommes et des femmes analogues à ceux qui peuplent les continents qui peuplent cette île. Pas de pouvoir magique pour dénouer une situation critique. Juste les qualités de chacun.

Ce livre c'est aussi une langue proche de la nôtre, mais avec des mots et des tournures légèrement différents. C'est aussi une écriture qui nous surprend, nous séduit, riche, poétique et réaliste à la fois, une écriture qui m'a charmée. Vous avez pu le voir avec toutes ces citations que j'ai ajoutées, et encore j'aurais pu en noter bien d'autres.

Ce livre c'est surtout une profusion de personnages, même si l'on suit en particulier l'itinéraire de Danaé Poussin, au cours de cinq grandes parties qui verront chacune à ses cotés un homme en particulier. Danaé Poussin nage, et c'est l'une de ses particularités. Nager c'est la possibilité de secourir ceux qui se noient. Et les naufrages sont courants dans les alentours de l'ile, permettant aux riverains de chiner quelques trésors, les bouts de bois n'en étant pas les moindres sur une ile où les arbres n'existent plus.
Cinq hommes très différents, qui lui feront chacun vivre une part de son existence, différente à chaque fois, autant dans les lieux où elle les vivra que dans les occupations qui seront les siennes. Une seule se passera à l'intérieur de la cite, et c'est celle que j'ai le moins aimé, peut-être parce que la mer y est plus lointaine, surement parce que Danaé semble y avoir renoncé à sa liberté.

Tous ses personnages ont un point commun, de la plus humble des riveraines au plus privilégié des citadins, Ils sont Issois ou tentent de l'être.
« Ailleurs, on disait de nous que nous étions fous et on dit maintenant que nous sommes chauvins. Nous préférons dire que nous sommes issois. Est « issois » ce qui est obstiné, audacieux et revanchard. Est « issois » ce qui fait bomber le torse. »

Il est beaucoup question d'orphelins dans ces pages. La vie est parfois difficile à Ys et on y meurt beaucoup. Ce soir c'est moi qui suis orpheline de cet univers, de cette langue, de cette Ile.
Commenter  J’apprécie          8539



Ont apprécié cette critique (74)voir plus




{* *}