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Critique de migdal


migdal
06 décembre 2020
Sous l'apparence d'un western, Jack Schaeffer publie un manuel d'instruction civique particulièrement pédagogique qui interroge sur la justice, l'ordre et la violence et souligne nombre d'interprétations erronées de ces notions fondamentales pour qui aspire à un monde en paix.

Toute violence n'est pas péché et d'ailleurs, pour qui en douterait, il suffit de lire dans les évangiles l'épisode de Jésus au Temple :
« Jésus monta à Jérusalem.
Dans le Temple, il trouva installés les marchands de boeufs, de brebis et de colombes, et les changeurs.
Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les boeufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs … »

Shane, nouvelle incarnation messianique (?), exerce au coeur des « vallées perdues » une saine et juste violence.

La violence nait du désordre mais en dérive sous deux formes opposées :
- intrinsèque au désordre (les nervis de Fletcher font régner la terreur et assassinent Ernie)
- en réaction contre un désordre (Fletcher est neutralisé)

Différence entre la violence du criminel qui assassine un innocent et la violence du policier qui élimine un coupable.

« Une arme peut faire le bien et elle peut faire le mal : tout dépend de ce que vaut le propriétaire. » La violence est indispensable et bienfaisante quand elle défend l'ordre juste contre ce qui le menace. La violence est injuste, condamnable et malfaisante lorsqu'elle menace et compromet ce même ordre.

Une condamnation globale et indistincte de la violence a pour effet de favoriser l'escalade de la violence comme les faits divers l'illustrent chaque jour. Mieux vaut la mise hors d'état de nuire d'un criminel que la multiplication des victimes.

La question fondamentale n'est donc pas la violence mais le désordre car la croissance du désordre entraine l'augmentation de la violence sous toutes ses formes.

Combattre le désordre suppose de savoir ce qu'est l'ordre, base de toute civilisation. Et ce qui semblait évident au XIX siècle, dans l'ouest américain, l'est assurément moins de nos jours, quand la justice semble douter de l'ordre qu'elle a pour mission de protéger.

« L'homme des vallées perdues », sous l'apparence d'un scénario banal et classique, s'inscrit donc dans le fil des meilleures tragédies antiques en interpellant le lecteur sur les fondamentaux de l'humanité.
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