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Critique de bdelhausse


Les faits: un avion de ligne transportant 164 passagers est détourné au-dessus de l'espace aérien allemand. Il se dirige vers un stade contenant 70.000 personnes. Il est abattu par le pilote d'un avion de chasse.

Ferdinand von Schirach, à partir de cette fiction, nous livre une pièce de théâtre où il nous fait assister à une partie du procès. Principalement un témoin à décharge et un témoin à charge, ainsi que l'interrogatoire du prévenu et les plaidoiries.

Au terme de ces débats, le public va voter... comme s'il faisait partie d'un grand procès d'assises.

Alors? ce pilote d'avion, coupable ou innocent? Peut-on tuer 164 personnes et être innocent? Existe-t-il une "raison supérieure" qui permette à l'individu d'outrepasser la Constitution? Voilà deux questions parmi d'autres posées par von Schirach.

Car l'auteur, un avocat reconnu, aime brouiller les pistes. On découvre que l'opinion du pilote était faite avant qu'il ne décolle. On apprend que les passagers de l'avion de ligne allait peut-être entrer dans la cabine. On apprend aussi que l'évacuation du stade était possible mais n'a pas été décidée. A la question "auriez-vous tiré si votre femme et votre fille étaient dans l'avion", le prévenu ne répond pas... Autant d'éléments jetés en pâture au lecteur par von Schirach. Certains éléments sont-ils pertinents? Ou pas?

Au terme de 100 pages d'interrogations, le public tranche et von Schirach propose 2 fins, selon que le prévenu est reconnu coupable ou innocent. Quelle que soit l'issue, une amertume est sensible. On ne prend pas cette décision à la légère. Ce n'est pas anodin de tuer 164 personnes même si on pense en sauver 70.000.

C'est brillant. Exceptionnel, même. Cela nous fait nous interroger sur la société que nous voulons pour nous et nos enfants. Cette courte pièce est suivie d'une allocution prononcée par von Schirach lors de la remise d'un prix à Charlie Hebdo en 2017. Ce texte est à méditer, à lire et relire, maintes et maintes fois. von Schirach semble nous dire que derrière les faits, il y a une opinion et des principes. Ces principes résistent-ils au terrorisme. La Norvège a répondu par l'affirmative suite au massacre perpétré par Anders Brevink.

Benjamin Franklin, cité par von Schirach, disait aussi "Those who would give up essential liberty, to purchase a little temporary safety, deserve neither liberty nor safety".
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