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Critique de Patsales


L'Allemagne post-2nde guerre mondiale s'est voulue irréprochable. Finies les bottes qui claquent, place aux chaussettes de tennis dans les Birkenstocks. Et ça a pas mal marché pendant plus d'un demi-siècle. Mais l'extrême-droite est à nouveau à la mode, et pas seulement en Allemagne, comme tout le monde peut s'en rendre compte. Mais plus encore qu'ailleurs, sa résurgence de l'autre côté du Rhin semble être le signal de la catastrophe à venir.
Bernhard Schlink ausculte donc cette montée de l'extrême-droite dans son pays et c'est assez souvent passionnant.
Il évoque bien entendu le thème de la réunification et le mépris des Wessis envers les Ossis. La piste est exploitée sans être approfondie, sans doute parce qu'elle n'est pas nouvelle. Plus intéressant, surtout pour nous qui en ignorons à peu près tout, est le phénomène völkisch, cette conception mystique du peuple allemand couplée à un refus de la modernité qui se trouve redynamisée par l'inquiétude écologique.
Mais l'explication la plus convaincante est sans doute le portrait de la génération des boomers qui, à force de tout intellectualiser, ne parviennent plus à passer à l'action : l'une voudrait bien rechercher sa fille mais préfère l'écrire que de le faire et ne se tue que par inadvertance ; l'autre veut s'occuper de sa petite-fille mais abandonne l'affaire à la première difficulté et confond la tolérance avec la compromission (Genre : « Ah, il est sympa votre piercing en forme de croix gammée ! »). Mais surtout les grands-parents vivent dans un entre-soi qui les coupe de ceux pour qui la vie est un combat quotidien : d'un claquement de doigt, ils trouvent le meilleur prof de musique ou le meilleur avocat, qui sont bien entendu des amis et cette connivence est encore plus choquante que l'argent qui n'est jamais un problème.
Mais aux explications sociologiques se superposent les développements individuels et ils me convainquent nettement moins. Schlink reprend avec beaucoup moins de talent les thèses d'Alice Miller sur la maltraitance exercée par les parents qui condamne les enfants à glorifier la violence. Et surtout, la petite-fille qui donne son titre au roman est un personnage improbable qui après avoir vécu 15 ans dans un environnement sectaire saute de joie à l'idée de devenir une étudiante Erasmus et qui, après avoir découvert Chopin et Satie, est prête à admettre que la Shoah a vraiment existé.
Bref, si chacun adopte un jeune facho, après deux expos, trois concerts et quelques livres bien choisis, il s'abonnera à Télérama et deviendra très fréquentable. Quelque chose me dit pourtant que si la nazification des esprits devait marquer le pas, ce n'est certes pas à Schlinck qu'on le devrait.
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