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Critique de Pancrace


1730, France. Entre Rouen et Amiens. A l'époque, les barbiers de ces villes faisaient chanter les scies musicales à amputer sans anesthésie sous les braillements de pauvres bougres bien obligés d'accepter qu'ils allaient quand même mourir de la gangrène.
Vous aurez 800 pages, 7 générations de chirurgiens et pratiquement 250 ans devant vous pour que s'améliore cet état de fait.
Un début à la Noah Gordon dans « le médecin d'Ispahan » se poursuivant par des intrigues, beignets d'histoires de famille succulents à la Ken Follett que l'on aime tellement croquer, dégoulinant du miel de l'aventure et du fiel des mystères.
La dynastie « de la Verle », Princes du sang unis par les mêmes liens saura vous faire frémir de leurs découvertes comme de leurs désillusions, caracolant dans un féerique arrière plan de la France des révolutions, des guerres, des conflits internes d'internes et de générations allant de réussites en déconvenues.
Vous apprendrez tout des procédés de l'autopsie, des triomphes de l'hygiène, des succès de la prophylaxie, de l'intérêt de la vaccination (piqûre de rappel au passage).
Sous vos yeux, la naissance de l'anesthésie, vécue comme la naissance d'une tragédie où ne s'affronte ni le bien ni le mal, mais le jeune-beau et le vieux-laid chirurgien à qui tout ça est bien égal.
Déconfits vous demeurerez devant les secrets de famille enfouis sous les cornettes des soeurettes de la conception ou de la création ou de la compromission peut-être…
C'est très plaisant à lire, à chaque page son lot de trépassés. Nous nous en laverions presque les mains avant que Berthollet ne nous l'impose avec son eau de Javel.
Ce qui m'a le plus surpris dans ce livre c'est la notion de progression de la chirurgie et à l'issue de cette lecture, je peux vous assurer que vous allez être ravis d'avoir vu le jour au 20ème siècle !
Les personnages sont intéressants sans être trop creusés, les époques se succèdent au rythme des pulsations du pouls de l'histoire où vous mesurerez le souffle épique à l'aide du stéthoscope récemment inventé.
Vous assisterez aux balbutiements de la Croix Rouge fière de ses exploits dès la guerre de 1870. Vous allez ausculter avec Laennec, accoucher avec Baudelocque, pasteuriser avec Pasteur.
Mon ton guilleret peut s'expliquer par le côté un tantinet aseptisé, gentillet et convenu de ce roman où souvent les protagonistes ne sont posés que pour servir d'alibi aux bistouris et autres outils.
N'avez-vous jamais vécu, lors d'une soirée entre amis où l'un des convives expose un sujet lourd et dramatique en y mettant tout son coeur pour ramollir le vôtre alors qu'un p'tit frisé fait des remarques « à deux balles » ? le charme est rompu.
Mon côté tempes argentées ne me permet plus de faire le p'tit frisé mais mon côté badin l'a emporté bien qu'il ne cadre guère avec cet ouvrage étayé et sérieux qui m'en a appris énormément sur l'histoire de la chirurgie, de la trépanation à la transplantation sans rejet de la greffe.
Pardon M. Schlogel de ce commentaire au scalpel, vous appartenez sans aucun doute à la race des « saigneurs ».
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