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Critique de Meps


Peut-on faire court sur la Shoah ? Peut-on se donner pour projet de retracer le parcours d'un enfant juif pendant la guerre, séparé de ses parents et protégé des Allemands avec d'autres enfants égarés par un prêtre catholique dévoué à leur préservation et à celle de la culture juive, tout cela en moins de 200 pages ? Apparemment, quand on est Eric Emmanuel Schmidt, oui.

Le problème, c'est qu'on s'oblige alors à une narration au pas de course, et qu'on ne peut que recourir aux stéréotypes. Les justes sont bien justes, les Allemands sont bien méchants mais surtout bien bêtes, on peut facilement les duper même quand ils dénichent enfin les enfants, il suffit de leur demander de repasser le lendemain ou de leur éternuer dessus (je vous promets, c'est même pas une blague) pour les faire fuir. Les Nazis ont anticipé le risque Covid, ils savent qu'une petite grippe peut tuer.

Comble du comble, puisque la tristesse et le désespoir prennent sans doute trop de pages pour s'exprimer, ça finit bien. Si, si je vous jure, la Shoah ça finit bien, on vous a raconté des craques depuis toutes ces années. Ah, oui au fait, il faudrait aussi parler d'Israel et de la Palestine, parce qu'un livre sur la Shoah ne peut pas se terminer juste à la fin de la guerre. Il nous reste que trois pages ? Ecoutez, j'ai résumé la Shoah en 160 pages alors je peux bien vous faire le conflit israelo-palestinien en 3, ne vous inquiétez pas, j'ai de l'expérience en résumé.

Je me rends compte que je suis en train de donner une image affreuse du roman et que j'ai quand même commencé par lui donner trois étoiles. Incohérent me direz-vous ? Non parce que Schmidt garde un certain art du dialogue, notamment au tout début (voire ma citation dans l'échange entre la comtesse et le héros Joseph) et dans certains des échanges entre l'enfant et le prêtre, notamment au sujet de la religion. On se plait à imaginer ce que l'auteur aurait pu faire, soit en se contentant d'une nouvelle qui se serait concentré juste sur ce rapport entre l'enfant et le prêtre (et n'aurait pas voulu à tout prix retracer toute la guerre) soit en se donnant un projet plus ambitieux, plus long, qui aurait permis la nuance et évité d'enchaîner poncifs et bons sentiments.

Mais le projet de départ n'était pas là, la littérature pour certains se doit d'être efficace... Elle démontre clairement ici son efficacité à nous désenchanter.
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