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Critique de lettresetpoints


J'abordais cette lecture avec enthousiasme, constatant l'entrain avec lequel certains en ont fait l'éloge, et mon intérêt pour le soufisme me prédisposant d'une certaine manière à apprécier le personnage de Monsieur Ibrahim. Je suis extrêmement déçue.
J'ai lu ce livre il y a deux mois maintenant, et j'ai failli écrire une critique à chaud pour exprimer mon indignation, mais je me suis dit qu'il était plus sage d'attendre : qui sait ? Peut-être cette lecture allait-elle faire son chemin et allais-je me rendre compte que j'avais tort et découvrir des richesses insoupçonnées de moi dans cette histoire ?
Eh bien, deux mois plus tard, ma position reste la même : je suis toujours aussi indignée.
Ce n'est pas le sentimentalisme et le côté « fleur bleue » critiqués par quelques lecteurs qui me dérangent, c'est plutôt le contraste qu'il existe entre ce côté fleur bleue et le manque de compassion, voire la réification de quasiment tous les personnages excepté les deux principaux (Momo et Monsieur Ibrahim), contraste qui s'apparente grandement à de l'hypocrisie à mes yeux. En effet, comment espérer être crédible et émouvoir en racontant l'histoire de ce petit garçon, si tous les autres personnages sont méprisés, inutiles, fades et abrutis ? Les jeunes prostituées pourtant sans doute en grande détresse, ne sont que des potiches utilisées pour permettre à un môme d'avoir une « première expérience » : elles sont manifestement indignes d'intérêt de la part de l'auteur et du lecteur – leur histoire m'aurait pourtant potentiellement plus intéressée que le récit farfelu que j'ai eu à la place. D'ailleurs, Monsieur Ibrahim, censé être un exemple de sagesse, n'hésite pas à inciter Momo à leur « rendre visite », pour dire les choses d'une façon euphémistique – quelle belle leçon d'humanité et d'altruisme.
Idem, les parents biologiques de Momo sont de gros lâches qui abandonnent leur fils, non, pas plus de nuances ou d'exploration du personnage de ce pauvre avocat qui devait avoir une vie bien misérable (mais on ne saura pas laquelle).
N'oublions pas que toute l'administration française devait être en vacances à ce moment-là, qu'un petit ado de onze ans conduit des milliers de kilomètres sans que personne ne s'en aperçoive, passe des frontières sans aucun problème (avait-il fait faire un passeport celui-là ?), l'école s'était vraisemblablement évaporée, d'ailleurs, si je me souviens bien, Momo n'avait aucun copain ni professeur qui aurait voulu prendre de ses nouvelles… Bref, en somme, je n'ai pas apprécié le côté très caricatural et le manque flagrant de profondeur chez les personnages, ni toutes ces invraisemblances (il y a beaucoup d'autres exemples qui m'ont frappée à la lecture et que j'ai oubliés aujourd'hui), mais après tout, peut-être est-ce une question de point de vue, et peut-être qu'il faut déceler dans ce qui m'apparait comme de la superficialité quelque chose que je n'ai pas vu, ou à quoi je ne suis pas réceptive, mais qui parle à certains. Je suis ravie de savoir que ce livre a pu aider et émouvoir quelques personnes, même si mon point de vue reste le même.

Il s'agit du premier livre d'Eric-Emmanuel Schmitt que je lis, espérons que je sois plus sensible à de prochaines lectures.
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