N’arrêtez personne avant d’avoir des preuves. Des convictions, c’est bien, des preuves, c’est mieux.
Pour l'heure, la postière, qui n'avait pas encore fait sa tournée matutinale à l'église et voyait d'approcher l'heure de se rendre à son bureau, s'apprêtait à porter une nouvelle fois l'index à sa bouche... et resta le doigt levé, dans la posture de l'écolier qui demande à faire pipi : là, au milieu de la page, sur deux colonnes, s'étalait un visage sous le titre « Un inconnu retrouvé noyé dans le Rhin, près de Marckolsheim ». Cet homme, elle le connaissait. Non, elle ne savait pas qui c'était. Pourtant, elle l'avait déjà vu très récemment. Mais où ? [...]
Et la mémoire lui revint : ce visage, c'était celui du convive qui dînait tout seul, trois jours plus tôt, à une table voisine de la sienne, à l'Auberge de l'Ill d'Illhaeusern.
Et pendant que tu t'imbibais, moi, je faisais semblant de boire avec toi et j'arrosais de mon verre le ficus, à côté de la table. Pauvre ficus, il va peut-être en crever.
Mais qu'est-ce qu'ils ont donc, tous, à me proposer des PETITS verres ? Pensent-ils vraiment qu'une femme ne peut pas boire un GRAND verre ? Sexistes ! À moins que ce ne soit qu'une façon de parler...
Tu sais ce qu'il te dit, Humphrey Bogart ? Il te dit : "Crève, salope."