Avec une couverture aussi délectable et chatoyante, on ne pouvait que dire oui à la tentation. Cependant, Meurtre aux petits oignons n'est pas un roman indépendant ; c'est le deuxième tome d'une série consacrée à la postière-enquêtrice la plus décoiffée qui soit, Léopoldine. le résumé promettait une intrigue gastronomique en même temps que sanglante, alors mettons-nous à table sans plus tarder !
Si vous aviez peur de vous faire divulgâcher des éléments du premier tome, je n'ai pas de bonnes nouvelles pour vous : le roman rappelle régulièrement – énormément -, les événements qui ont eu lieu dans Vengeances tardives. Est-ce que cela entamera la compréhension de cette histoire ? Pas tellement, vous voila rassurés. Conçu pour en apprécier la culture alsacienne qui s'en dégage, c'est aussi le genre de roman policier qu'il vaut mieux éviter de prendre au sérieux pour en goûter la saveur de la plume à sa juste valeur. Autrement dit, contentons-nous de lire sans trop y regarder le caractère loufoque ou lourdingue des personnages, sans prêter attention aux invraisemblances et à la crédibilité.
Meurtre aux petits oignons prend le temps de dérouler le passé du mort et les nombreux suspects de cette enquête dans un village qui passe son temps à voir défiler les rivalités et les adversités. Un rythme que l'on sait apprivoiser, pas suffisamment long pour s'ennuyer, mais suffisamment court pour savoir démarrer. Là où ça pêche ? J'appelle à la barre Léopoldine, la postière-enquêtrice que l'on qualifie de Miss Marple à l'alsacienne. Cette Léopoldine a un caractère qui prête d'abord à sourire, têtue et fausse modeste, moqueuse et perspicace, elle ne se laisse pas mordre. Ce caractère en devient irritant à mesure des pages, s'intensifie, et… dites bonjour à la caricature très pâle de Miss Marple, la vraie ! Celle-ci est d'une grosse tête constante, imbuvable et même plus amusante à force. Ce qui fonctionne chez les enquêteurs les plus célèbres ne se reprend pas chez les autres, quoi qu'on en dise.
Entre l'enquête et les monologues de Léopoldine, ses longs moments de parlotte et de réflexion interne, ses mouvements et ses sentiments, que reste-t-il ? Un humour qui passe d'appréciable à redondant, lourd même. Quant à l'égo surdimensionné de la dame qui se dit modeste et souhaitant garder son anonymat, sa simplicité… vous savez ce que j'en pense. Mieux vaut alors voir ce deuxième tome comme un roman qui se veut humoristique et pas sérieux, un moment de plaisir où il ne faut surtout pas plonger dans la structure choisie par l'auteur. Ne pas voir les facilités scénaristiques, le manque de caractérisation chez les personnages.
La première partie aura été intéressante comme promis, la seconde s'enfoncera plutôt dans une pointe de ridicule et d'invraisemblable, de caricature de caricature, et les scènes sans intérêt pour l'intrigue ou l'enquête défilent dans des pages certes bien écrites, dans un style croustillant, mais vite inintéressantes pour celui qui tente de suivre une histoire sans se coltiner le blabla de Léopoldine. Ajoutons une fin qui manque de saveur, de tension, une fin presque vide, et la flamme s'éteint de suite. L'identité du meurtrier est pourtant satisfaisante, les explications de cette pâle copie de Miss Marple tenaient la route. Hélas, cela ne suffit pas à rattraper le reste.
Culture alsacienne mise en avant pour notre plaisir, intrigue qui se tient si on ne regarde pas ses invraisemblances, personnages oubliables quand ils ne sont pas irritants… Petits meurtres aux oignons reste une lecture sympathique qui peut garder son goût de plaisir si l'on accepte de ne pas prendre le tout au sérieux. Ne reste qu'à lire le premier tome pour confirmer le sentiment général, ou obtenir une surprise. Et la suite ? Je serais là malgré tout, on ne s'arrête pas à une rencontre mitigée !
Note : 3/5
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