Impossible, disait le poète Fiodor Tioutchev, de "comprendre la Russie avec la raison".
les chercheurs n'étaient décidément pas des gens agréables.
Il avait sous les yeux un être en partance, étouffé par ses pensées, ses souvenirs, ses peurs, ses croyances… Que deviendrait tout ça après son départ ? Un tas d’os enfoui sous une terre dont il n’était même pas sûr qu’elle ne le vomirait pas un jour.
Ce samedi-là, elle s’était levée très tôt, à l’heure où les boutiquiers balaient devant leur porte les poussières et les détritus charriés par le vent du Bosphore. C’était shabbat, elle pouvait courir sans compter les long d’Istiklal et au-delà, dans les allées du parc Taksim. Sentir les odeurs de café et de pâte feuilletée s’échapper de échoppes fumantes, et s’effacer aussitôt, comme dans un flash, devant les effluves salés et légèrement iodés venus du détroit.
L'ONU était une machine extrêmement bien huilée où les habitudes tenaient lieu de règles de conduite. Et le vieil hommme n'avait pas l'intention de s'y conformer. Il avait un avantage énorme sur tous ces hauts fonctionnaires : sa carrière était derrière lui.
Le russe lissa son crâne d'une geste machinal, et se glissa dans la queue formée devant le comptoir tandis que ses gardes du corps bloquaient l'entrée de l'échoppe.
- Andreï ! Machlomkha ?
- Kol Tov, Shlomo…kol tov.
C'était peut-être ça la vieillesse. On devient acariâtre et misanthrope. Les films sont pleins de ces vieux grincheux qui finissent seuls avec leurs souvenirs.
Non, le temps rendait juste plus lucide sur les autres. On s'emballe moins car on cernait plus vite les êtres, on avait la mémoire des hommes et elle n'était pas toujours plaisante à regarder.
notre survie ne dépend que d'une seule chose. Notre humanité