Une histoire poignante, celle de quatre lycéens amis qui partent en vacances en Grèce mais ne rentrent pas. Dans leur classe, quatre places vides au fond de la salle. L'un des jeunes finira par rentrer chez lui, méconnaissable, le regard vide, ne prononçant pas un mot pendant des jours. On assiste au désarroi des familles, aux efforts déployés pour retrouver les jeunes, à l'incompréhension des adultes face à cette décision prise par les ados de rejoindre daesch. Un roman qui donne à réfléchir, une plongée intéressante dans l'univers des ados. Un auteur à suivre.
De toute façon, vous ne pouvez pas comprendre. Parce que l'erreur que j'ai faite n'est pas celle que vous croyez. Si depuis dix jours je me tais, c'est pour une autre raison.
Nous n'avions pas idée du temps, des choses qui nous seraient arrivées d'ici à quelques heures, nous pouvions dire demain, dans un mois ou dans dix ans. Le futur était une dimension sans repaire des jours, un point valait l'autre.
Je n'aurais pas supporté cet espace vide à côté de moi, l'idée je pouvais la supporter mais pas la vue.
Nous sommes tous les quatre piégés devant un écran que personne ne veut regarder.
Il y a une seule façon de voir mes amis mais je ne veux pas y penser, tout est changé depuis que nous nous sommes promis cette chose. Et de toute façon ce n'est pas encore le moment. Pas encore.
Pendant deux semaines nous sommes restés suspendus dans un espace qui n'était qu'à nous.
On n'a pas eu le temps d'avoir peur.
A Gaziantep, tout s'est accéléré d'un coup. Tout ce qui avait été fumeux, lent et vague, est devenu vrai en quelques heures.
J’ai continué à fixer le sentier, je ne sais pas pourquoi, peut-être qu’à un moment, j’ai pensé qu’ils reviendraient me chercher. Mais personne n’est venu. J’etais resté au seuil de la caverne, comme l’enfant boiteux du joueur de flûte de Hamelin.