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Critique de mh17


mh17
13 septembre 2022
Je découvre Leonardo Sciascia, le grand écrivain sicilien (1921-1989) avec ce récit.
La tante d'Amérique est l'une des quatre nouvelles du recueil Les oncles de Sicile paru en 1960. Tous les récits ont pour toile de fond les grands problèmes sociaux et politiques de la Sicile de 1848 à 1948. Les « oncles » sont des incarnations du pouvoir.
Eté 1943. le narrateur est un jeune garçon dégourdi qui vit dans une bourgade sicilienne. Avec son copain Filippo ils attendent avec impatience Les Américains. Pour se consoler des fausses arrivées, ils vont à la campagne par les chemins de chèvres que ne bloquent pas les miliciens. Ils maraudent des amandes et des prunelles encore acides et les donnent aux soldats. En échange, ils reçoivent des cigarettes de troupe qu'ils revendent aux hommes du village. L'oncle du petit est complètement accro, il fume de tout y compris le foin des artichauts. le petit fixe le prix, demande un acompte et dépense tout illico pour que son oncle ne récupère pas les piécettes sous le lit. Avec l'argent, il va au cinéma avec Filippo et crache depuis le poulailler sur certains adultes. le père de Filippo est menuisier, il a été socialiste, on le convoque souvent à la caserne et on le garde quelques jours. C'est pour cette raison que Filippo crache sur les « salauds » et attend les Américains. le petit narrateur lui a une tante en Amérique. La soeur de sa mère. Elle tient un store à Brucchilin rempli à ras bord de bonnes choses, de vêtements, de morceaux de viande et tout…

L'écriture de Sciascia est colorée, plaisante, pleine de verve, d'ironie légère et d'émotion. Elle raconte à travers les yeux d'un enfant le vécu d'un peuple et les enjeux politiques. La famille de Filippo est engagée, celle du narrateur est prudente, fasciste par habitude ou par peur des communistes. L'oncle est le seul qui soit fasciste par conviction. le petit découvrira l'Amérique généreuse et travailleuse à travers Toni, un soldat d'origine calabraise ; puis la fameuse tante, émigrée à Brucchilin depuis 1919 ; puis la fille délurée de cette dernière. Il est question en arrière-plan d'un épisode historique que j'ignorais. A la libération, on discuta sérieusement d'un possible rattachement de la Sicile aux États-Unis, ce qui arrangeait les militaires et la mafia. Mais un des indépendantistes les plus connus, Giuliano, en collusion avec la mafia, fut l'auteur de plusieurs attentats et le projet d'un 49ème état sicilien fut abandonné. Cependant les Américains essayèrent d'influer sur les votes siciliens. Dans la nouvelle, les lettres des cousins d'Amérique incitent à ne pas voter communiste sous peine de ne plus recevoir de colis.
C'est sûr, je lirai d'autres Sciascia.
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