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Citations sur Le corps du sable (6)

L’Intouchable /IX


Je t’embrasse les yeux fermés
L’amour rend ta voix plus enfantine
Ta bouche s’entrouvre peu à peu
Maintenant je connaîtrai ta langue
mais pas le nom
perdu dans ta bouche
Mords ma propre langue
arrache-moi à la condamnation de la parole
fais-moi venir sur ta peau sombre
qui tremble et gémit de peur
qui frémit se donne résiste
et s’offre encore aux doigts
rythmiques tendus
sur l’âme qui brûle
fébrile dans le calme
pour ne pas mourir
pour devenir légère
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Le visage inconnu


3

Tombent
brisés
les yeux
Tu entends leurs cristaux
faire naufrage
éclats mouillés
d’invisible

Qui sait
à présent
depuis quelle némésis
quel point indéterminé
du sol
brille la trace rétinienne
bouche secrète
baveuse de l’impact
Image explosée
Rosa aulentissima
érodée
palpitation visqueuse
sur le manteau neigeux
où bat
sa soif toute nue

//Traduit par Bernard Noël
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Le visage inconnu


2

Épaules
vues de dos
sans visage
une vague de cheveux
descend blonde
à Cou

Regard ailleurs
elle incendie l’air
regard
dans un frisson de lumière
un moment vide

Retour aux yeux
à la caverne des orbites
Être un mur rupestre
une nuque percée
un instant du corps
inconnu
Mesurer en vain
le peu
le plus


//Traduit par Bernard Noël
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Le visage inconnu


1

Cet accroc
à ton bas fumé
voix de la soie
ouverture à la soif
de chair
blanche au-delà
de la couverture du voile
Dans le ciel qu’il déchire
entre les jambes croisées
de la jupe au rien
Seule vérité


//Traduction Bernard Noël
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Extrait 2/2


Tu lis Rilke
dans l’après-midi finissant
la main fébrile enfouie
dans le paquet de chips
Tu mâches à la hâte
tes blessures
Mordilles sur tes doigts fuselés
des envies de douleur
Révèles des dents blanches
sur une gorgée d’eau
le regard effleure les pages
annotées en allemand
s’éloigne
s’arrête se perd dans le vide
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Extrait 1/2


Tu lis Rilke
Le visage collé à la vitre du train
c’est lui que tes yeux retiennent
jusqu’à ce que la fournaise des voies l’engloutisse
à Florence Santa Maria Novella

À présent
tes bras étreignent ton corps
dans un geste de deuil
instantané
éternel
Yeux humides
que soigne le kleenex
sur les longs cils
cette larme d’enfant
émerge fugitive
pas encore écoulée
sur le fond des joues
soleil
tranchant sur les sandales
yeux immenses gris
avides d’air
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