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Critique de Derfuchs


Philadelphie, époque contemporaine.
Je sais pas vous, mais moi, j'aime bien la petite Scottoline. Je dis
petite, je ne la connais pas, elle mesure peut-être deux mètres et joue
aux Lakers. Non, je plaisante, plutôt aux Spurs ? Il y a de la fragilité
dans son écriture, comme il y a de la fragilité dans son héroïne, Mary
DiNunzio, avocate ritale de Philadelpie, savez la ville de Rocky Balboa,
la montée des marches, la musique et tout ça.
Bref, mal dans sa peau
Mary. Mike, son mari et grand amour est décédé un an plus tôt, victime
d'un chauffard en bagnole, lui à vélo, pouvait pas rivaliser le pauvre !

Elle n'a pas fait son deuil Mary ! Elle lutte avec ses armes,
composées de ses deux petits poings, dans un monde de brutes, de machos
aux dents longues à vous rayer la moquette, non ce n'est pas de la bit-litt, des fois, quand même ! On ne peut plus rien dire. Alors, elle fait de son mieux, Mary, pour devenir partenaire (Grisham écrirait associé, c'est kif-kif), elle gagne des procès difficiles, elle défend les gros contre les petits. Il y a bien cette voix dans sa tête qui la morigène, t'es contente, hein, t'as encore gagné ! Elle pense que c'est Mike, la voix, d'outre tombe. Elle est mal et seule, Mary.
Elle ne sait pas que l'étau est installé, grand ouvert sur l'établi, qu'il
se resserre et qu'il va se resserrer, lentement, très lentement.
Qu'on lui fiche la paix !
Papa et maman sont là, bien sûr, façon Napoli, antipasti et gorgonzola,
grands bras et larmes faciles. Mais ce n'est plus une petite fille Mary,
alors, laissez la tranquille, s'il vous plait.
Qui d'autre, Jude, l'amie, la confidente, la balèze, protectrice, la conseillère, celle qui sait, qui dit, mais, Mary l'écoute-t-elle ?
Et Brent, le secrétaire depuis toujours, le consolateur des grands drames, le gay gai, toujours à rire, chemise noire qu'il pleuve ou qu'il vente : préviens la police, Mary, change tes numéros de téléphone, fais quelque chose, bouge-toi le prose, allez, ouste !
Craaac, un tour d'écrou. Plus lourd l'atmosphère soudain.
Les lettres anonymes pleuvent, les coup de fil aussi. La voiture, grosse
américaine de couleur non identifiable, surtout la nuit (je sais, jesais), toujours suiveuse...
C'est Brent, l'innocent, qui paie, homme galant, après un repas, le soir avec Mary, positionné côté caniveau, il écope, la bagnole lancée, monte sur le trottoir, balaie Brent et s'enfuit. Plus de Brent. Enterrement, cimetière, pleurs et beaucoup de chagrin et de peine.
Craaaaac, un autre tour d'écrou, faut de l'oxygène !
Déboussolée, elle court Mary, elle fuit, prend sa voiture et va là où son coeur la porte. Vers sa soeur jumelle, Angie, qui a pris la guimpe, réduite au
silence, le couvent, le calme et la sérénité entre vêpres et complies.
Pas de visite. Pas contente la mère Sup. Sauf que l'hospitalité c'est
pas fait pour les chiens. Un peu de bien-être, une épaule aimante et
bien large, une main délicate sur des cheveux mouillés mais ondoyants,
des paroles qui rassurent et calment, la quiétude dans la tempête,
l'oeil dans le cyclone, le temps suspendu avant l'orage.
Plus dur sera le retour. La police attend. La police protège. Vous occupez plus de rien, on est là et bien las, no problem et no soucis.
Merci, fermez le ban. Les yeux, d'autres yeux voient.
Crrrraaaaac, un autre tour d'écrou. Un éventail, peut-être ? Chinois, ben voyons, en soie, avec des papillons, bien sûr.
Et, alors, c'est l'apothéose, tout se déchaine et ça, Scottoline elle sait
faire. Un tourbillon, des situations fugaces bien peintes, décrites, du
pur sucre, du haletant, du qui s'enchaine comme une toupie libérée, de
l'éclatant, du pétaradant comme un réacteur au décollage et pour
terminer un dénouement que même Sherlock dans un meilleur jour, avec ou sans loupe, n'aurait pas trouvé. Alors, pensez, moi, minable lecteur de
fauteuil, comment aurais-je pu ? Largué loin, vraiment. Inattendu. Du
bon, j'vous dis !
Allègre (pas le ministre), c'est le mot qui vient à l'esprit au sujet de la prose de M'âame Lisa, souple, mouais, aussi, élégante, certes, entrainante, on peut le dire.
Allez, c'est pas le livre du siècle, peut-être même pas de la décennie, mais j'ai fichtrement aimé et c'est le principal. Comme le principal c'est
l'essentiel la messe est dite. Vous avez échappé au latin, ce n'est que
partie remise.
Un conseil : un petit creux entre Saint-Simon et Sainte-Beuve, lisez Scottoline.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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