Un livre éprouvant mais magistral, important, sur la destruction et la reconstruction de l'Allemagne à la fin la guerre : villes entières bombardées, rasées, vies anéanties, misère, lambeaux de rues et d'hommes…
Sebald se questionne sur l'absence totale de cette destruction dans la littérature allemande : il y a le tabou du « monstre allemand » qui ne peut se constituer comme victime, parce que le sommet de l'Histoire à ce moment-là était la Shoah, et aussi bien sûr la difficulté de prendre la parole pour décrire le traumatisme absolu. Mais surtout l'Allemagne a dû se reconstruire : pour se reconstruire il a fallu refouler cette destruction, de la même manière qu'il a « fallu » « oublier » la Shoah.
Ainsi les écrivains allemands n'ont pas su s'emparer de leur « propre » destruction, ou alors dans une langue convenue, qui ne faisait que masquer l'anéantissement. C'est donc à une réflexion sur la langue, sur la littérature, et sur l'Histoire et ses processus de déconstruction et de reconstruction que nous convie Sebald dans ce grand livre.
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