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Critique de MarianneL


Voyage dans l'espace et le temps d'un chasseur de fantômes.

«Fin août 1992, comme les journées caniculaires approchaient de leur terme, je me mis en route pour un voyage à pied dans l'est de l'Angleterre, à travers le comté de Suffolk, espérant parvenir ainsi à me soustraire au vide qui grandissait en moi à l'issue d'un travail assez absorbant. Cet espoir devait d'ailleurs se concrétiser jusqu'à un certain point, le fait étant que je me suis rarement senti aussi libre que durant ces heures et ces jours passés à arpenter les terres partiellement inhabitées qui s'étendent là, en retrait du bord de mer. D'un autre côté, pourtant, l'antique superstition selon laquelle certaines maladies de l'esprit ou du corps s'enracineraient en nous de préférence sous le signe de la Canicule m'apparaît aujourd'hui plus que justifiée. Par la suite, en effet, je ne fus pas seulement aux prises avec le souvenir d'une belle liberté de mouvement mais aussi avec celui de l'horreur paralysante qui m'avait saisi à plusieurs reprises en constatant qu'ici également, dans cette contrée reculée, les traces de la destruction remontaient jusqu'au plus lointain passé. Et c'est peut-être pour cette raison qu'une année jour après jour après le début de mon voyage, je me trouvai dans l'incapacité totale de me mouvoir, si bien qu'il fallut me transporter à l'hôpital de la capitale régionale, Norwich, où j'entrepris, du moins en pensée, de rédiger les pages qui suivent.»

Ayant entrepris d'arpenter à pied les côtes du comté de Suffolk dans la chaleur et le silence de l'été, traversant des villages dépeuplés et des propriétés en déshérence, au bord de la dissolution et de la ruine silencieuse, le narrateur des «Anneaux de Saturne» relève au cours de ce voyage les traces du passé, qui lui renvoient l'image de l'Histoire comme une succession tragique de destructions, de génocides et d'abus de pouvoir. Ces drames irrésolus, en écho à la paralysie émotionnelle et au mutisme du peuple allemand après la seconde guerre mondiale évoqué dans «De la destruction comme élément de l'histoire naturelle» viennent hanter le présent et la mémoire de Sebald, narrateur de la constellation de récits qui composent ce chef d'oeuvre.

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