AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,21

sur 142 notes
5
9 avis
4
4 avis
3
1 avis
2
3 avis
1
1 avis
La plupart des critiques sont plutôt positives. Aussi, j'ai quelques scrupules à avouer que je n'ai pas vraiment aimé cette lecture.
Une promenade au bord de la mer dans l'Est de l'Angleterre est un point de départ plaisant. Au fil de cette rêverie, l'auteur se souvient de différents évènements vécus ou historiques. de la leçon d'anatomie de Rembrand à l'histoire de la sériciculture en Europe, en passant par Konrad au Congo ou les insurgés lors de l'indépendance de l'Irlande, tout y passe. C'est, certes, passionnant mais fouillis et beaucoup trop détaillé. On se perd dans toute cette érudition, d'autant que la mise en page, sans paragraphes, n'aide pas.
Le thème qui semble pourtant l'emporter, et pour lequel j'en ai continué la lecture, est l'impermanence de toutes choses et la réflexion sur le passage du temps. D'ailleurs, la région que Sebald parcourt, la côte de l'East Anglia est soumise à une érosion féroce qui fait reculer le rivage presque à vue d'oeil, emportant avec elle les multiples vestiges du passé, ce qui corrobore bien le fil conducteur de son récit : Tout finit par disparaître, l'humain y compris !
Commenter  J’apprécie          280
C'est le troisième récit que je lis de W. G. Sebald parmi les quatre grands livres qu'il a eu le temps d'écrire avant de mourir à 57 ans. C'est un écrivain de l'imprégnation mélancolique, son écriture ressemble à la pluie qui tomberait sur des fleurs séchées pour les ranimer une dernière fois. Avec lui, la vie ressemble à un lent dégradé de couleurs, de formes, de mouvements, qui ralentissent jusqu'à se figer.
Dès qu'il commence à lire Sebald, l'esprit du lecteur entre dans une phase méditative, il s'applique à choisir ses mots et les faire peser. le regard sur le monde qui nous entoure devient différent, plus lent, plus profond, la pensée va au rythme de la phrase sebaldienne. Nous devenons personnage du livre nous-même.
Le personnage sebaldien est souvent un universitaire qui narre l'histoire de ses voyages. C'est un autre lui-même que W.G.Sebald met en scène. Les personnages qu'il nous présente ont-ils existé ? Mickaël Parkinson, cet homme de peu de besoin, qui travaille sur Ramuz et meurt mystérieusement dans son lit. Et sa collègue romaniste qui parle si bien des scrupules de Flaubert...Elle vit dans un appartement où se développe un univers de papier et elle ne se serait pas remise de ce décès. Michael Farrar, cinquante pages plus loin, a créé un des plus beaux jardins de la région avec sa prédilection pour les rosiers, les iris et les viola rares. Une phrase décrit l'évènement qui cause sa mort. Un simple accident domestique devient une vision ardente.
Entre temps, le narrateur aura cherché un crâne dans un musée secret de l'hôpital.
Nous aurons droit à une analyse du tableau de Rembrandt présentant une autopsie de Aris Kindt, nous saurons désormais que le médecin qui opérait devant la bonne société qui avait payé sa place se nommait Tulp. Puis l'auteur nous raconte son voyage raté à La Haye pour voir ce tableau comme si celui-ci portait malheur.
Nous serons descendus vers la côte dans un autorail en roue libre, et nous aurons visité la Seigneurie de Somerleyton, ses enfilades de pièces, et arpenté les rues de Lowestoft, qui porte les stigmates de la crise économique. Ce genre de description nous rappelle d'autres livres de Sebald, d'autres zones décrépites dont la désolation fait le bonheur de l'écrivain. Quand on lit Sebald, on s'attend presque à croiser la silhouette de Edgar Allan Poe ou à voir Lovecraft écarter le rideau et jeter un regard soupçonneux dans la rue . Et pourtant, tout se déroule dans un contexte réaliste, les petites histoires des gens se mêlant au passé et à la grande histoire, la politique (la baronne Tatcher) comme l'économie. le temps est comprimé sur une dizaine de pages extraordinaires à propos du développement et la fin de l'industrie du vers à soie dans le monde, de la Chine à l'Angleterre. le motif du vers à soie illustre les différentes étapes de la vie et de l'éternité de l'âme.
Les réflexions de Sebald sont une analyse minutieuse des événements des deux derniers siècles, tandis qu'il construit, en même temps, un arc de longue durée historique remontant au commencement de ce qui évolue pour devenir un système capitaliste global.
Le narrateur semble hanté par des personnages historiques comme si il revivait leur vie. Qui connaît Gavrilo Princip qui change le destin du monde en tirant un coup de feu lourd de conséquence à Sarajevo le 28 juin 1914 ? Et Roger Casement qui s'engage contre l'exploitation brutale dont sont victimes les noirs congolais, et qui paiera cher ses désirs d'engagement.
Des écrivains aussi, comme Konrad Korzeniowski, qui deviendra connu sous un autre nom, et qui aura vu des ses yeux l'ignominie du colonialisme. Et faire revivre l'amour De Chateaubriand pour sa jeune américaine au point de confondre son style avec celui de l'auteur. On ne sait plus qui parle, qui écrit.
Sebald poursuit son voyage sur une côte dont les falaises s'effondrent, les villages disparaissent dans la mer.
« Dunwich avec ses tours et ses milliers d'âmes s'est dissous dans l'eau, transformé en sable, en gravier, évaporé dans l'air léger. »
ou sont abandonnés comme l'isolement total sur ce môle avancé :
«... il me sembla que je traversais un pays inexploré ...au-milieu des vestiges de notre propre civilisation anéantie au cours d'une catastrophe future...»
Lien : http://killing-ego.blogspot...
Commenter  J’apprécie          220
« J'ai passé mon enfance et ma jeunesse dans une contrée des Alpes
septentrionales en grande partie épargnée par les effets immédiats de ce
que l'on nomme hostilités. À la fin de la guerre, j'avais tout juste un an et
je ne saurais avoir gardé de cette époque de la destruction des impressions
fondées sur des événements réels. Et pourtant, aujourd'hui encore, quand
je regarde des photographies ou des films documentaires datant de la
guerre, il me semble que c'est de là que je viens, pour ainsi dire, et que
tombe sur moi, venue de là-bas, venue de cette ère d'atrocités que je n'ai
pas vécue, une ombre à laquelle je n'arriverai jamais à me soustraire tout à fait » écrivait W.G Sebald dans « de la destruction comme élément de l'histoire naturelle » regard perdu de l'émigré qui a quitté l'Allemagne pour l'Angleterre en 1966.
Est-ce là la source de la mélancolie qui règne dans les textes de Sebald et donc probablement, dans son esprit ?
Au départ, une simple randonnée à pied dans le comté de Suffolk. W.G.Sebald vagabonde à travers les cotes désertes, petites villes et villages. Il se perd dans le labyrinthe de jardins abandonnés. Il vagabonde également au travers certains souvenirs de sa propre vie. L'occasion de retracer la mémoire de ces lieux de la côte est de l'Angleterre mais aussi d'autres contrées du Monde à travers l'épaisseur du temps.
Avec un art de la transition stupéfiant, on passe de la Chine du XIXe siècle, dans le palais de l'impératrice Cixi, la révolte des Taiping, le flop économique que constitua l'introduction de la culture de « l'oiseau » à soie en Europe, la phosphorescence post mortem du hareng. On entend les canons des navires hollandais détruire la flotte anglaise à la bataille de Sole Baye, les forteresses volantes gronder dans le ciel du soir pour aller bombarder les villes allemandes, les amours avortées De Chateaubriand en Grande-Bretagne, la Leçon d'anatomie de Rembrandt. le hasard d'une émission de la BBC enclenche le souvenir de l'irlandais Roger Casement, critique virulent des intérêts du roi Léopold au Congo, et finalement exécuté comme dangereux terroriste irlandais et d'autres personnages moins connus, émigrés ballottés au gré du monde. A la fin de son périple, l'auteur va rendre visite à un ami qui, depuis des années, construit une immense maquette du temple de Jérusalem.
Sensible aux couleurs et aux mouvements, Sebald déroule ses phrases avec simplicité. Comme la méditation d'un « promeneur solitaire », il y a là une magie qui nous fait traverser les endroits que l'on a plutôt l'habitude de longer.
Dessins, documents, cartes et photos parsèment ce livre qui, ramenant vers ce qui est plus réel, évitent la pure rêverie. Comme un balancement entre rêverie et réflexions.
Mais tout cela n'est pas qu'érudition retracée avec lyrisme.
Car peu à peu, dans une impossible simultanéité nous avons devant nous la vision d'un monde d'une beauté triste: un monde de ruines, d'éternelle destruction où le souvenir est important car il permet de survivre.
Mais c'est une mélancolie sans pleurs ni larmes, car la nature aussi détruit
Il ne faut pas y chercher une quelconque condamnation de notre existence ou un plaidoyer écologiste: la destruction faisant partie « d'un état naturel »
Vous avez compris que ce livre est vraiment éblouissant et d'une richesse indescriptible.
Je suis de ceux qui croient que seule la poésie permet d'exprimer notre « vision » de la vie, aussi je m'en vais, de ce pas, chercher et lire l'unique livre de Sebald qu'il présente comme poésie : « D'après nature, poème élémentaire »


Ps factuel : ce livre a été écrit en allemand, les phrases écrites en anglais n'ont pas été traduites en français


Commenter  J’apprécie          160
Je ne conseillerai certainement pas à un lecteur curieux d'approcher l'oeuvre de Sebald de commencer par la lecture de ce livre. Personnellement, si je n'avais pas lu d'abord « Austerlitz », que je considère par ailleurs un chef d'oeuvre absolu, j'aurais sûrement moins apprécié « Les Anneaux de Saturne ».
Objet littéraire non-identifié, hybride pour ce qui est de la forme, ni roman, ni essai, on a ici d'emblée l'impression de parcourir, sans pouvoir en saisir forcément un fil conducteur, un sorte de recueil de notes personnelles de l'auteur, composées essentiellement de certaines de ses recherches documentaires, de souvenirs de ses amis, de souvenirs de voyage et de quelques rencontres fortuites restées en mémoire.
Les Anneaux de Saturne n'est à mon sens ni un roman, ni un essai, mais plutôt le récit d'une expérience vécue. Issu des déambulations à pied de l'auteur dans la côte est de l'Angleterre au mois d'août 1992, Sebald se laisse aller, à la faveur de ce périple, à un va et vient incessant dans l'espace et dans le temps, à partir des lieux et monuments visités eux-mêmes, le circuit réalisé devenant ici la source même du matériau littéraire et du développement de sa narration. Ainsi, parce qu'il croise sur son chemin le pont de Blyth - construit au XIXèmè siècle pour la circulation d'une ligne ferroviaire dont les wagons étaient à l'époque marqués d'un étrange « dragon enveloppé des vapeurs produites par son haleine » et identique en tous points à l'image de l'animal héraldique de la Chine Impériale -, Sebald nous emmène faire un détour en Chine et, par le récit de la lente dissolution de l'Empire du Milieu initiée au dix-neuvième siècle, nous apprend que les wagons qui traversaient jadis la Blyth qu'il contemple là en ce moment, étaient en fait au départ destinées à la Cité Interdite !
Empreint de poésie délicate, mélancolique et tout en filigrane, cet ouvrage, malgré un aspect en surface décousu et anecdotique, est avant tout un miroir reflétant l'âme de son auteur, même si celui-ci n'y livre guère d'éléments véritablement autobiographiques et que tout reste en fin de compte extrêmement factuel... Parmi les nombreuses références que l'on retrouve au fil de ce voyage très personnel de Sebald dans les anneaux du temps, il y en a une (issue d'Orbis Tertuis), qui pourrait à mon sens, illustrer bien le travail de mémoire qui parcourt toute son oeuvre: «..le futur n'a d'autre réalité que notre peur ou notre espérance présente, tandis que le passé n'est que ce qu'il y a dans notre mémoire».
Commenter  J’apprécie          146
Voyage dans l'espace et le temps d'un chasseur de fantômes.

«Fin août 1992, comme les journées caniculaires approchaient de leur terme, je me mis en route pour un voyage à pied dans l'est de l'Angleterre, à travers le comté de Suffolk, espérant parvenir ainsi à me soustraire au vide qui grandissait en moi à l'issue d'un travail assez absorbant. Cet espoir devait d'ailleurs se concrétiser jusqu'à un certain point, le fait étant que je me suis rarement senti aussi libre que durant ces heures et ces jours passés à arpenter les terres partiellement inhabitées qui s'étendent là, en retrait du bord de mer. D'un autre côté, pourtant, l'antique superstition selon laquelle certaines maladies de l'esprit ou du corps s'enracineraient en nous de préférence sous le signe de la Canicule m'apparaît aujourd'hui plus que justifiée. Par la suite, en effet, je ne fus pas seulement aux prises avec le souvenir d'une belle liberté de mouvement mais aussi avec celui de l'horreur paralysante qui m'avait saisi à plusieurs reprises en constatant qu'ici également, dans cette contrée reculée, les traces de la destruction remontaient jusqu'au plus lointain passé. Et c'est peut-être pour cette raison qu'une année jour après jour après le début de mon voyage, je me trouvai dans l'incapacité totale de me mouvoir, si bien qu'il fallut me transporter à l'hôpital de la capitale régionale, Norwich, où j'entrepris, du moins en pensée, de rédiger les pages qui suivent.»

Ayant entrepris d'arpenter à pied les côtes du comté de Suffolk dans la chaleur et le silence de l'été, traversant des villages dépeuplés et des propriétés en déshérence, au bord de la dissolution et de la ruine silencieuse, le narrateur des «Anneaux de Saturne» relève au cours de ce voyage les traces du passé, qui lui renvoient l'image de l'Histoire comme une succession tragique de destructions, de génocides et d'abus de pouvoir. Ces drames irrésolus, en écho à la paralysie émotionnelle et au mutisme du peuple allemand après la seconde guerre mondiale évoqué dans «De la destruction comme élément de l'histoire naturelle» viennent hanter le présent et la mémoire de Sebald, narrateur de la constellation de récits qui composent ce chef d'oeuvre.

La suite sur mon blog ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          140
Ce livre est acclamé, c'est un chef-d'oeuvre...
Je suis complètement passée à côté.

L'auteur écrit très bien, il rend les faits historiques dont il parle vivants et passionnants. Mais c'est juste que je m'attendais à lire une "histoire" et là j'ai plus l'impression d'avoir lu un livre d'histoire voire un essai.

Au fil de ses pensées, de ses pérégrinations et de ses rencontres, il évoque la vie de tel auteur, tel navigateur, les guerres, la nature... Il a un réel don de conteur.

Mais je n'ai pas accroché....Les faits historiques s'enchaînaient et je restais insensible...

Lien : https://www.labullederealita..
Commenter  J’apprécie          70
En cette période de redécouverte de la littérature allemande, j'ai pioché ce livre sur un rayon de la bibliothèque, et il m'a suivi dans mon sac de plage. L'écriture est certes agréable et empreinte de mélancolie, mais le lecteur ou plutôt la lectrice que je suis s'est très vite perdue dans cet étalage d'érudition qui passe du coq à l'âne disons le clairement. Une promenade sur une côté anglaise, la leçon d'anatomie de Rembrandt, la pêche au hareng, la seconde guerre mondiale,... Des fragments d'histoires intéressants mais il me manque un fil conducteur auquel m'accrocher, je m'accorde le droit d'abandonner ce livre à la moitié.
Commenter  J’apprécie          72
Un homme décide de faire un voyage à pied dans l'est de l'Angleterre. Il visite certains lieux, fait quelques rencontres, évoque des souvenirs ou plus exactement des réminiscences. Il s'agit en fin de compte d'un voyage intérieur, où les choses se remettent en place, et les significations affleurent.

Il était très difficile de parler de Sebald. C'est un écrivain très original, qui a une très grande densité, aussi bien en ce qui concerne l'écriture que la vision du monde. Il ne s'agit pas dans le cas de ce livre d'un roman où même d'un récit, mais plutôt d'un journal de voyage dans lequel l'auteur évoque les sujets qui lui viennent à l'esprit, avec une infinie érudition, et une grande profondeur dans son approche de ces sujets. Cela semble donc par moments un peu décousu, les sujets évoqués semblent venir parfois un peu par hasard, certains m'ont plus captivé que d'autres. En tous les cas il faut une grande concentration pour rentrer dans ce livre. Mais l'effort en vaut la peine, et j'ai passé quelques beaux moments. J'avoue avoir préféré les passages où Sebald parle d'autres écrivains, les pages concernant Conrad et Chateaubriand m'ont terriblement captivée.

Cette lecture me donne en tous les cas envie de continuer à explorer l'univers de l'auteur, car son écriture est véritablement splendide.
Commenter  J’apprécie          62
Voyage à partir du Norfolk en longue coulée, dans ce que lui disent ces paysages ou ce qu'il rêve à partir d'eux - pans de vies, corps d'idées - rebondissant de ces visions assez désolées, ou de ces paysages mourrants à d'autres, de personnages en personnages, échos secrétés par, et nourriture des lieux, éléments constituant par touches une philosophie.
Et c'est par eux que je me retrace ce trajet, ne gardant le corps du livre, sa saveur, que dans les souvenirs qu'ils amènent pour moi et qui doit être découvert en lisant.
Michael Parkinson « l‘un des hommes les plus innocents qu‘il m‘ait été donné de rencontrer », son manque de besoin, l'étude de Ramuz
Thomas Browne - les dissections, la leçon d'anatomie de Rembrandt - l'état flottant d'un opéré - l'érudition et le quinconce retrouvé partout et « dans le jardin du roi Salomon, dans l'ordonnance des lys blancs et des grenadiers qui y sont alignés au cordeau »… - les sépultures, la crémation
Hazel, le jardinier de Someleyton et la guerre aérienne
Les pécheurs de harengs et le dépeuplement des océans, ou leur empoisonnement
Bioy Caséres, les miroirs - son exemplaie de l'Anglo American Cyclopedia. - à l'existence incertaine
Johan Mauritz, les fortunes faites par les négociants au siècle d'or, et l'exploitation du Brésil
Les croates, Banja Luka et le traitement infligé aux serbes
Roger Casement, son histoire reconstituée ou rêvée, le Congo, Conrad, le jugement de ce dernier sur l'horreur de cette colonisation, et son histoire quand il était Jozef Teodor Konrad Korzeniowski, Cracovie, l'Ukraine, le traineau et l'oncle Tadeuz (et ces pages sont admirables)
L'empereur Xianlong, les compagnies occidentales, l'opium, l'impératrice Cixi, la sècheresse de 1878, et l'amour de l'impératrice pour les vers à soie - « ces créatures pâles, presque transparentes,qui délaisseraient bientôt leur vie au profit du fil ténu qu'elles tissaient, lui apparaissaient comme ses véritables fidèles. Elle voyait en eux le peuple idéal, zélé…. » - ses adieux à la vie et à l'empire, et les théories sur le temps humain.
Algerson Swinburne, ses excursions à Dunwich, sa fuite des salons préraphaléiques - « l'autodissolution progressive de la vie » - la mer qui gagne et le déplacement de la petite ville
Délaissant les personnages : « toute la civilisation humaine n'a jamais été rien d'autre qu'un phénomène d'ignition plus intense d ‘une heure à l'autre »
Une lande, le rêve d'un clair labyrinthe et Michael Hamburger et les souvenirs de sa jeunesse berlinoise (de leur)
Edward FitzGerald, la ruine des propriétaires irlandais - la chasse qui prend possession de la campagne et la superbe visite halucinée aux terrains qui ont servi à la recherche d'armes secrètes
Commenter  J’apprécie          50
Epoustouflant. Ce récit est proprement inclassable mais se lit avec beaucoup d'intérêt. Tout en apparentes digressions qui finissent par former un réseau de sens et de sujets, la base en est une randonnée de quelques jours faite par Sebald le long de la côte sud-est de l'angleterre vers 1990. A partir de là, ce récit extrêmement érudit, profondément marqué par la fugacité de toute chose, l'histoire, la mort, évolue vers des considérations universelles, dont on ne peut que ressentir la vérité. Et évidemment, en plus, c'est superbement écrit (et traduit de l'allemand).
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (387) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1726 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}