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Critique de 5Arabella


Michel-Jean Sedaine a fait l'essentiel de sa carrière en tant que librettiste, surtout d'opéras comiques, qui ont connu un immense succès de son temps. Mais actuellement, son nom est essentiellement associé (enfin par les spécialistes de l'époque) à deux pièces données à la Comédie Française, dont le philosophe sans le savoir en 1765.

Sedaine crée avec cette pièce un drame bourgeois, qui répond au programme de Diderot. le personnage principal est un noble d'origine, qui se retrouvant ruiné, est devenu négociant, donc passé dans le rang de la bourgeoisie au yeux du monde et même de ses enfants. Sedaine défend l'utilité de la bourgeoisie, opposée à l'inutilité sociale de la noblesse. La pièce se déroule dans un cadre familier et réaliste, entre les activités professionnelles du père, la préparation du mariage de sa fille, la vie de famille, avec une place accordée aux domestiques, qui font en quelque sorte partie de la famille.

Nous sommes à la veille du mariage de Mlle Vanderk. Victorine, la fille d'Antoine au service de M. Vanderk a un mauvais pressentiment. Elle a entendu parlé d'un duel et elle a peur que le fils Vanderk n'y soit impliqué. le futur gendre arrive, les préparatifs du mariage battent leur plein. Un mystérieux domestique délivre un message au fils : le pressentiment de Victorine se vérifie, il y aura bien duel, car un officier, Desparville a insulté les négociants, ce que le fils Vanderk a pris comme une insulte à son père. Suit une explication entre le père et le fils, qui apprend que son père est noble, mais que les circonstances l'ont poussé à devenir négociant, choix qu'il défend. Sa soeur arrive, féru de noblesse, elle présente la famille de son frère comme des gens qu'elle protège, alors qu'elle ne vit que grâce à l'argent de Vanderk. le duel pourra être au final évité, et le mariage se dérouler heureusement.

Le thème du duel, interdit par la loi, étant sensible à l'époque, la pièce a du être remaniée par l'auteur pour pouvoir être jouée à la Comédie française. Elle met pourtant en lumière l'absurdité de cette pratique noble par excellence, mais le censeur s'est montré sévère. le remaniement fait en urgence a provoqué des incohérences, et lors de l'impression en 1766, l'auteur a glissé en appendice les éléments permettant de rétablir le texte d'origine, qui est celui que l'on édite maintenant. La pièce a été applaudie par les philosophes, en particulier Diderot, qui y retrouvait l'essentiel des principes qu'il prônait, réalisé sans doute avec plus d'habileté que ce qu'il avait pu faire lui-même. Sedaine est un vrai homme de théâtre, qui a déjà une bonne expérience de la scène, qui sait construite une intrigue et maintenir l'intérêt. Les personnages en particulier sont bien caractérisés, ils sonnent vrai, même si le côté moralisateur peut paraître démonstratif et daté. Mais c'est un peu le problème des oeuvres qui donnent à la morale une place importante. Rien ne se démode plus vite, n'évolue plus que ces questions.

La pièce a continué à susciter de l'intérêt, voire de l'admiration au XIXe siècle : George Sand, Victor Hugo, Théophile Gautier l'ont porté au pinacle. George Sand lui a même écrit une suite. La pièce a aussi été adaptée en téléfilm en 1966.
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