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Critique de Levant


Ce qui m'a surpris à la lecture de cet ouvrage c'est la confusion des époques qu'il incruste dans l'esprit de son lecteur. Les chapitres sont pourtant datés de notre époque contemporaine mais on conserve longtemps la curieuse impression que l'intrigue se tient en des temps anciens, tant les références culturelles reposent sur des traditions ancestrales archaïques.

Il s'agit-là très certainement, de la part de l'occidental que je suis, d'une méconnaissance du décalage, qui a d'ailleurs persisté longtemps chez nous aussi mais à moindre mesure, entre le monde rural et le monde citadin. Sans doute plus marqué encore en Chine du fait de la taille du pays, de l'ancienneté de sa culture, et de la dureté des régimes autoritaires qui ont étouffé les velléités de progrès tout au long de son histoire.

Si l'on en croit l'auteure, Lisa See, à la toute fin du 20ème siècle la dévotion aux esprits des ancêtres commandait encore aux gestes de la vie courante. Des croyances à la vie dure pouvaient conduire à considérer la naissance de jumeaux dans une famille comme une malédiction, assimilée qu'elle était à une portée animale. Dans les lois qui prévalaient encore au sein de l'ethnie Akha, à la fin du 20ème siècle, les jumeaux étaient considérés comme "rejets humains", tués dès leur naissance, les parents bannis du village et condamnés à le quitter à jamais.

Il faut progresser dans l'ouvrage pour se faire à l'idée que son intrique se tient à une époque toute récente en suivant Li-yan, celle que sa mère appelle tout simplement Fille, pour lui rappeler son statut inférieur tant la primauté est donnée au garçon. Li-yan aura toutefois l'inestimable chance de faire des études et accéder au monde du téléphone et des ordinateurs.

Le thé est le sujet central de cet ouvrage. Sa lecture m'a fait me précipiter sur les références documentaires désormais à portée de clic de souris pour visionner ce qu'il est convenu d'appeler la cérémonie du thé. Manière de consommer la boisson millénaire, étrangère à l'entendement de notre culture nombriliste occidentale. Celle-là même qui nous porte à mépriser les us et coutumes différents des nôtres.
Resté aux sachets de thé du supermarché du coin, j'avoue humblement avoir découvert que la feuille qui infuse dans l'eau frémissante peut voyager et vieillir avec profit sous forme de galettes. le Pu-er, dont il est question dans cet ouvrage, fait partir de ces trésors soustraits à des arbres centenaires qui prospèrent dans les montagnes du Yunnan, fief de l'ethnie akha, berceau de Li-yan.

Au-delà d'une intrigue et son dénouement somme toute assez classiques, on glane ce que l'on peut des ouvrages qui nous ont alléchés à la lecture des commentaires sur Babelio. Belle ouverture pour ce qui concerne l'univers du thé pour l'amateur de café que je suis. (Et de Bourgogne, avec modération bien sûr, ne méprisons pas notre propre patrimoine).

Il y a aussi dans cet ouvrage que j'ai finalement apprécié, une bonne analyse psychologique des tourments qui peuvent perturber les enfants adoptés quant à leur origine, les raisons de leur abandon, avec le mal-être qui hante inconsciemment l'esprit de ceux qui ont été coupé de leurs racines. Un bon moment de lecture.


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