Cela ne déplairait pas à Hermine de se trouver un homme riche et puissant à manipuler. Mais voilà que la jeune femme se fait piéger par un démon. Serait-ce au tour de la manipulatrice d'être manipulée ?
La première chose m'ayant percutée dans
le cloître des vanités sont ses dialogues forcés, plein de dramatisme cinglant. Des joutes verbales qui se veulent de plus supportées par la narration, cette dernière mettant un peu plus en avant à quel point telle réplique venant de se dérouler sous nos yeux était puissante, déstabilisante et diablement intelligente !
Ce pathos théâtral, que je trouve déjà lassant en soi, se voit ainsi appuyé par un narrateur-prompteur guidant le lecteur-public dans ce qu'il doit ressentir, tandis que les personnages-acteurs s'enorgueillissent eux aussi, après coup, de leurs propres tirades. C'est lourd, pompeux, onanique.
Je trouvais également au récit un petit côté télénovela, avec cette claque dans la gueule savamment distribuée et suivie de près par un soubresaut de “poitrine généreuse” (sic), tandis que que le grand méchant raconte son plan machiavélique en long et en travers (en s'en gargarisant, une fois encore).
Après un tel premier tiers, la suite me semblait toute tracée…
Mais ce ne fût pas le cas.
À mon grand désarroi, Sernin, le démon, s'avérait plus faible (et plus ridicule) que je ne l'avais imaginé. Sauf que, cette faiblesse de sa part, une fois avalée, s'avérait d'une grande fraîcheur. Ce revirement, quoiqu'un peu rapide, apportait une belle profondeur (d'ailleurs très bien justifiée) au personnage.
Un revirement me faisant d'autant plus regretter qu'Agnès et Hermine restent cantonnées à leur traitement de Mary-Sue. (Pour cette dernière, je ne compte plus le nombre de fois où l'on re-précise que ses fautes et désirs sont en fait d'une grandeur magnifique !)
Deux femmes sans faille qui s'avèrent bien plus fortes que anges et démons. Difficile pour ma part de m'attacher à elles. Mais après tout, le récit se voulait déjà partisan en présentant les cathares comme des saints parmi les saints (avec leur foi capable d'ébranler des démons), tandis que les catholiques sont tout bonnement traités “d'idiots”. Des prises de position toutefois assez peu assumées dans un postface mettant le holà sur l'historicité du récit.
Au final, si
le cloître des vanités m'a plus que souvent laissée dubitative, il ne m'a pas non plus laissée indifférente. Outre les dialogues, j'ai trouvé la recherche esthétique dans l'écriture intéressante.
Mon avis reste mitigé sur le développement de l'ensemble, mais me donne en tout cas envie de découvrir plus de l'autrice.