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Critique de JoedeCarc


États-Unis, pendant les années 70.
Harry White (tiens donc, un "white" man), doté d'un physique agréable et promis à un bel avenir professionnel, subit les assauts répétés de son appétit incontrôlable pour les femmes : peu à peu, sexualité féroce, cynisme et mensonge rongent sa vie.
Conscient que ce feu intérieur lui est néfaste, le roman raconte les nombreuses tentatives de Harry pour se remettre dans le droit chemin. Mais quel est exactement ce "droit chemin" ? En sourdine, le livre nous pose la question. Quel donc cet idéal auquel il essaie de coller ?

Hubert Selby Jr, enfant terrible des lettres made in USA, aborde un sujet délicat, distille le malaise tout au long de son roman secoué de formules crues et de libertés typographiques déroutantes.

Selon moi, la force du livre tient dans la finesse de la psychologie des personnages. L'auteur nous plonge notamment dans l'esprit torturé de son protagoniste, nous incitant à le comprendre, voir à le prendre en pitié. Il en résulte une lecture du roman à la fois vorace et craintive.
Bien entendu, Harry White est malade, mais plutôt que d'avouer ses maux, de recourir à une aide extérieure, plutôt que de sonder son passé et ses blessures, il choisira le mensonge et la destruction, aveuglé par les promesses d'un libéralisme sans vergogne.

Moderne, malsain, torturé à souhait, ce livre ne vous laissera pas indifférent, ne serait-ce que pour la charge violente qu'il dirige contre le rêve Américain, patrie de l'argent, de la réussite obligatoire.
Le livre est fortement misogyne, cruel, et dans les sujets abordés, dans sa manière de provoquer l'irrévocable chute de son héros dans une explosion de rage et de sang, je l'ai vu comme un livre précurseur au non moins sulfureux "American Psycho" de Bret Easton Eliis, 15 ans plus tôt.

"Le démon", c'est la fabrication de monstres, qui courent après un mirage, celui de la conquête, de la réussite, et qui pour y parvenir, choisissent de piétiner tout le reste, les concurrents, les faibles, les femmes, la morale, et le sens des réalités.
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