AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eve_T


Eve_T
17 décembre 2016
La lecture du Piéton de Hollywood est une expérience déroutante. On ne peut être que surpris, étonné, déconcerté par cet univers qui semble n'avoir ni queue ni tête, où les personnages sont quelquefois interprétés par des acteurs de cinéma vivants (David Thewlis et le regretté Pete Postlewhaite), ou décédés (Orson Welles en particulier, qui se glisse sous le costume d'un psychiatre avant d'incarner Bret Easton Ellis…). L'intrigue étant plus que ténue, pour ne pas dire inexistante, et les références abondantes à la culture populaire, je peux comprendre que l'on puisse être tenté de passer son chemin.

Il s'agit en réalité un triptyque dans lequel Will Self se met en scène d'abord à l'occasion de ses retrouvailles avec un ami d'enfance de petite taille, artiste contemporain en vogue, qu'il croise à plusieurs reprises lors de la tournée promotionnelle de son dernier livre en Amérique du Nord. Puis, devenu l'acteur – réalisateur d'une toute petite production mise en boîte avec l'aide de trois techniciens anonymes tous rebaptisés Jeff, Self s'arroge une mission plus qu'improbable : découvrir l'identité du meurtrier du cinéma. Car le septième art est bel et bien mort, supplanté par les séries télévisées et les jeux vidéo. Et pour ce faire, il doit parcourir Hollywood à pied, car il s'agit du moyen de locomotion le moins cinématographique possible. Soit. Enfin, dans la dernière partie, l'écrivain retourne en Angleterre et, persuadé de souffrir d'une forme précoce de la maladie d'Alzheimer, il décide de longer la côte nord – est du Yorkshire, un territoire qui se réduit comme peau de chagrin tandis que l'océan ronge les falaises et l'emporte sur les terres d'environ deux mètres par an.

Se situant dans la veine de la littérature post-moderne anglo-saxonne, on est bien loin des récits autofictionnels nombrilistes et stériles ou des romans naturalistes inspirés de faits divers glauques qui occupent les étagères des librairies françaises. Ce livre n'est pas sans rappeler certaines oeuvres de Thomas Pynchon. Comme chez l'auteur de L'Arc-en-ciel de la gravité, le lecteur apprendra que c'est le voyage qui compte, pas la destination. le but ici n'est pas d'offrir un miroir fidèle de la société, ou de l'auteur lui-même, mais de proposer une expérience ébouriffante et humoristique qui peut éventuellement faire réfléchir sur l'état de la culture populaire contemporaine – et la santé mentale de l'écrivain, il faut néanmoins bien l'avouer. le livre, illustré de photos en noir et blanc prises par Will Self lui-même, se conçoit avant tout comme une énorme farce à l'humour noir. La mort, le désespoir, la déliquescence du monde de l'art, de la culture de masse et divers troubles psychiatriques sont en effet largement évoqués.

(voir la suite de ma critique sur mon blog :https://lc.cx/JoEC)
Lien : https://alangleduhasard.word..
Commenter  J’apprécie          10







{* *}