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Critique de Ambages


Un supplément gratuit de Nouvel Observateur de 1998 retrouvé au hasard des fouilles archéologiques dans mes étagères. Il est si petit, les éditions Mille et une nuits voulant faire des opuscules pratiques pour les transports en ville et avec la particularité de mentionner le prix en euro (pas si évident de faire passer le message à l'époque). Quelle remontée dans le temps en le retrouvant ! Ce livre avait attendu une rencontre, patiemment, pendant dix-huit ans.

"C'était le rire heureux et confiant d'un enfant aimé - quoique peut-être un peu guttural sur les bords."

Une histoire qui ressemble à celle d'Au pays du fou rire mais j'avoue avoir préféré celle de Will Self. Un très jeune britannique se met à parler allemand et procure à ses parents des angoisses. En effet ceux-ci ne comprennent manifestement pas l'allemand commercial, en même temps : ils sont anglais et leur enfant a deux ans... Ils l'imaginent souffrant d'une maladie et le présentent aux plus grands spécialistes. de l'autre côté, un allemand, banquier de son état se met à jouer, à avoir des difficultés de concentration.

Et c'est essentiellement à ce moment que l'histoire, drôle de bout en bout (et les jeux de mots sont sympa), prend un autre sens et est très bien pensée. le récit se situe après la réunification de l'Allemagne et le banquier est originaire des Sudètes. Et vraiment, en très peu de pages et de mots, cet auteur a un talent fou pour faire ressentir le déséquilibre -"L'argent, c'est de la merde", jamais entendu ça ? Non, apparemment, non. Vous savez que nous sommes entourés de fantômes ici, à Francfort ?"-, et exposer les traces profondes que créent un déracinement. J'ai adoré la force de certains passages, notamment quand le banquier repense à son exil de la Bohème vers l'Ouest, à son arrivée à treize ans avec une paire de chaussette et un livre de mathématiques dans son sac : "Tout cela semblait appartenir au passé d'un autre, c'était trop sordide, trop mesquin, trop brutal, trop triste pour l'homme qu'il était devenu. Des mouches bourdonnant autour de la langue d'une femme morte."

"Il n'y avait pratiquement pas un seul Allemand de souche dans ce quartier sordide de la capitale européenne de la finance."
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