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Critique de ivredelivres


Le livre est composé de deux courts romans qui se situent tous les deux à l'aube du franquisme.

Requiem pour un paysan espagnol
le héros est déjà mort dès le début du récit, il s'appelait Paco du moulin et son histoire est contée par Mósen Millán le prêtre du village. le curé est en train de préparer sa messe, mais pas n'importe quelle messe, non celle qu'il va célébrer pour Paco, une messe de requiem. le temps passe et l'église reste vide, alors Mósen Millán égrène ses souvenirs.
On voit défiler la vie du village avec ses bagarres, ses superstitions, ses mesquineries. C'est un village où les plus pauvres vivent dans des grottes sombres, où le lavoir le carasol est le lieu de tous les échanges.
Paco, le curé l'aime bien, il l'a vu grandir, faire sa communion, se marier. Mais pourquoi est-il allé se fourrer dans les histoires ? Pourquoi livrer un combat perdu d'avance contre les puissants ? C'est un peu de sa faute au curé, car c'est lui qui éveillé la conscience de Paco.

Et quand un jour arrivent au village " Ces garçons rasés de près et élégants comme des femmes, on les appelait, au carasol, petites bites, mais la première chose qu'ils firent fut de passer une formidable raclée au cordonnier, sans que sa neutralité lui serve à quoi que ce soit. Puis ils abattirent six paysans, dont quatre de ceux qui vivaient dans les grottes, et ils laissèrent leurs corps dans les fossés de la route qui menait au carasol." ce jour là Paco a tenté de se battre pour un idéal, il a livré un combat perdu d'avance contre les puissants.
Le Gué
Ce second récit est lui aussi centré sur un mort, mort par trahison. Trahi par la femme qui l'aime le plus mais ce n'est pas sa femme, mais sa belle-soeur.
Il a été arrêté et exécuté, depuis Lucie garde le silence sur sa dénonciation, mais son secret l'étouffe, remonte, revient la hanter jour et nuit. Elle voudrait parler, crier que c'est elle, que c'est sa faute. Cette culpabilité enfle comme les eaux de la rivière, la nature se tourne contre elle, la rivière et le vent murmurent les mêmes mots "Moucharde tu parleras ". Elle croit voir le mort lorsqu'une chemise s'envole du pré, la folie guette, le remords la ronge, elle veut avouer....mais " laisser ce malentendu en suspens c'était peut être guérir son angoisse à jamais."

Deux superbes récits dans lesquels reviennent avec force les thèmes de la trahison, de la culpabilité, de la violence et des choix que les hommes ont à faire devant l'injustice ou l'oppression.
Ici pas de grandes tirades politiques, victimes et bourreaux sont parfois tout aussi malheureux et tout aussi coupables. L'âme humaine apparaît dans toute sa complexité et sa fragilité. Ce livre a été interdit en Espagne jusque dans les années 80. L'église n'en sort pas à son avantage.
L'écriture est fine, sobre, élégante et donne une fausse sensation de simplicité. Les personnages sont de ceux qui entrent en vous et ne vous quittent plus, personnages de tragédie qui continuent de vous habiter une fois la lecture terminée.
L'avis d'un critique
« Peu d'écrivains ont montré avec un tel sens du récit, de l'ellipse et du déplacement imaginaire, les horreurs de la guerre et la folie de l'homme » Philippe Françon dans Libération
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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