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Critique de AgatheDumaurier


Voilà un vide qui est un gros pavé !
Le Vide, c'est encore un portrait de l'homo desesperatus post seconde guerre mondiale, celui.celle qui ne croit plus à rien -et à lui même, sa grandeur et sa dignité, encore moins. L'anti-héros de Céline, de Houellebecq, de Litell et autres auteurs de monstrueux polars et thrillers dont nous sommes si friands, l'anti-héros qui est capable de tout par paresse, lâcheté, bêtise, cruauté ...Celui qui nous a menés et nous mène au désastre.
Patrick Sénécal choisit la voie du thriller pour sa démonstration, et la téle-réalité comme incarnation de la déchéance humaine. L'anti-héros est une foule de téléspectateurs, trois millions de Québécois fascinés chaque semaine par une émission trash "Vivre au max", où les heureux candidats sélectionnés peuvent réaliser leurs rêves les plus fous (insulter leur patron, leur belle-mère, sauter en parachute, combattre des piranhas, passer la nuit avec une porno-star...) Les rêves et leur vacuité sont très rapidement au centre de l'intrigue. de cette foule d'êtres vides jaillissent trois hommes : le présentateur, Max, milliardaire reconverti dans le showbiz, un psychologue suicidaire et dérangé, Stéphane, et un inspecteur de police (les Canadiens disent "détective"), Pierre. D'abord fort éloignés les uns des autres, les liens vont se nouer à travers l'émission et un quadruple meurtre sur lequel Pierre enquête.
L'intrigue est prenante, le propos est moderne, mais j'ai trouvé cela un peu longuet, ce qui fait que, grande lectrice de thrillers, j'ai assez rapidement compris où on allait. Heureusement, quelques rebonds inattendus m'ont raccrochée au livre. L'aspect moral du récit correspond à notre réalité, mais il m'a semblé un peu trop forcé, un peu trop heavy, comme disent nos Québécois dans le livre. J'aurais préféré une mélancolie et un désespoir plus dilués, profonds, las, et plus ironiques aussi, comme chez un auteur dont on ne doit pas prononcer le nom mais qui sait constuire des livres -mondes pour ces êtres vides, avec une telle intensité que les lire est une douleur physique et morale. Les personnages ici sont à la fois trop superficiels et hystériques pour nous ressembler. Ils vont trop loin, trop vite. On les regarde de l'extérieur.
Un très bon point : la fin, qui pourrait virer au n'importe quoi, tremble un peu sur ses bases mais finit par nous emporter. Bien joué.
C'est donc un très bon livre, que je conseille.
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