La guerre qui en 1970 gagna le Cambodge fit cinq cent mille morts . La plupart étaient des civils , innocents morts sous des bombes , coupables de se trouver au mauvais endroit , au mauvais moment .
Puis , le 17 Avril 1975 , les Khmers rouges entrèrent dans Phnom Penh . Pendant trois ans , huit mois et vingt jours , ils firent régner un régime de terreur , provoquant près de deux millions de morts dans un pays de sept millions et demi d'habitants . Des hommes , des femmes , des enfants , coupables d'être les " ennemis de classe " du nouveau régime , c'est à dire d'être nés au mauvais endroit , au mauvais moment .
Je rêve d'un temps où monter cueillir du sucre de palme ne serait pas un crime passible de mort...
Je rêve d'un temps où nous ne passerions pas notre vie à nous cacher à nous-mêmes qui nous sommes , de peur de déplaire au pouvoir en place...
Je rêve...Comme seule une vieille femme solitaire peut le faire...En silence , dans son coin .
Je suis le yothea (soldat) Phat. Phat, c'est mon nom révolutionnaire. Je suis né Sag Samath, dan sle village de Ream Ndaeuk, district de Kirivong, province de Takéo. On me dit que j'ai 14 ans...et je ne suis pas encore mort.
Je me suis promis que plus tard, je ferai un métier qui me permettrait de montrer...
de tout montrer de cette réalité.
Je serais peintre, cinéaste, ou photographe...
qu'importe !
Cela n'avait pas d'importance.
Ce qui en avait, pour le moment, c'était de survivre à ce cauchemar aveugle.
Un gouvernement qui abandonne l'éducation scolaire est un gouvernement qui n'offre aucun avenir à son peuple.
Aucune révolution n'a agit de la sorte dans l’histoire.
Ma fille, si tu veux survivre aux terribles jours qui s’annoncent, il te faudra être aveugle, sourde et muette, comme les trois singes des contes…
Un gouvernement qui abandonne l'éducation scolaire est un gouvernement qui n'offre aucun avenir à son peuple...
Nous vivons dans la peur et la culpabilité de n'avoir pas su mourir pour la liberté. Être survivant, c'est n'avoir dans son âme qu'une seule et même question lancinante: pourquoi? Et pour toute réponse, un sourire fatigué. Sa vie à soi est faite de l'absence des autres, ceux-là qu'on n'arrive pas à dire morts.
J'avais vu ce que n'aurais jamais dû voir...J'avais vu ce que mes yeux et ma tête se refusaient à croire...Tous ces gens qui étaient emmenés ne partaient donc pas si loin que cela ! Alors j'ai couru aussi vite, aussi loin et aussi longtemps que je le pouvais...Ce jour-là j'ai perdu à jamais ma voix, c'est aussi à partir de ce jour-là que mon corps a cessé de grandir...A jamais.
Un gouvernement qui abandonne l'éducation scolaire est un gouvernement qui n'offre aucun avenir à son peuple...
Aucune révolution n'a agi de la sorte dans l'Histoire.