Ainsi était le Mexique, un pays où la moindre bonne action est punie avec toute la rigueur de la loi.
Le monde entier baignait dans la corruption, y compris ceux qui prétendaient la combattre. L'homme s'inventait des masques pour cacher sa bassesse et le plus dangereux de tous était celui du juste, car il fournissait aux idiots un reflet idéalisé de leur propre personnalité.
Mais il y a quelque chose que je ne saisis pas très bien : d’où sors-tu le fric, si tu dis que le drogue pour toi n’est pas un commerce ? – La drogue, non, mais le prestige, si. Au Mexique, la renommée signifie argent. Grâce à Dieu nous avons un gouvernement qui gâte les intellectuels. Regarde ma carrière : à vingt-six ans, grâce à mon ami Fidel qui était président du jury, j’ai gagné le prix Lopez Velarde et avec l’argent j’ai pu payer l’acompte de cette maison. Après, avec l’appui d’un écrivain plus important que je fournissais en herbe et en peyotl – je ne te dis pas son nom parce que ce n’est pas le moment, mais c’est une gloire nationale – j’ai obtenu un poste de conseiller au ministère de l’Education, où j’étais royalement payé pour déjeuner une fois par mois avec le ministre. Je pouvais donc déjà me débrouiller tout seul (…) je suis entré dans la mafia du Fonds de Promotion de la Lecture, mes poèmes ont figuré dans plusieurs anthologies et il y a eu des interviews à la télé…
Tous les ans, le président célèbre avec les journalistes la Journée de la Liberté d'Expression, mais au Mexique la censure existe et se pratique à coups de feu.