Le nu de Gauguin à Bonnard

A quoi rêve Bonnard, sinon à accomplir, à travers l'homme, la quête d'un idéal dans une esthétique immuable de la contemplation et du ré-enchantement du monde? Le peintre aime mêler éléments naturalistes familiers à d'autres plus symbolistes, imaginant ainsi son Paradis terrestre fait de sensibilité épidermique, de vibration de la lumière couleur.

Ce lien peinture-photographie dans l'oeuvre de Bonnard est, comme le suggère Guy de Cogeval, "la complémentarité des deux visions d'un monde rapproché et sublimé à la fois".

Malgré ces trois tableaux qui vont faire date dans son parcours, le nu ne deviendra vraiment un sujet central pour lui qu'aux environs de 1908, à une époque où Bonnard montre qu'il a brisé le cercle enchanté de cette sexualité cafardeuse.

Cette atmosphère pesante qui caractérise ses peintures de cette époque se poursuit dans la sieste ou l'indolente.

Le peintre décline son corps dans une veine mélancolique et érotique qui trouve son apogée dans le magistral tableau l'homme et la femme peint au tournant du siècle.

es observations ténues de son environnement, de l'infiniment grand comme de l'infiniment petit, produisent ce que Guy Cogeval a nommé " la texture imaginaire du réel", ce sentiment si particulière que l'on ressent inévitablement devant chacun de ses tableaux, en particulier ceux de la fin de sa vie; ceux qui ont une texture donc - un derme et un épiderme, dans lequel le temps est suspendu, ouvrant ainsi un sillon, une voie que beaucoup suivront.

Dans l'oeuvre de Rodin, Eve est évidemment l'incarnation absolue de la femme, laquelle est au cœur des interrogations artistiques, morales ou philosophiques du sculpteur.

Parmi les thèmes récurrents du Symbolisme international, notamment germanique, celui de la puberté, du passage de la nudité "innocente" au corps objet de désirs, occupe une place particulière.

parfois le recours à ces nudité allégoriques menacées par la puissance maléfique, permet aux artistes de parler de manière métaphorique d'évènements très contemporains.

Gauguin repense et réinvente Eve, première femme, pécheresse tentatrice, créatrice, mère de l'humanité et responsable de la civilisation, qui a perdu l'homme, a été condamné à être dominée et à enfanter dans la douleur, Eve qui est la femme du XIXème siècle