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Critique de Floyd2408


Merci les éditions Gallimard et Babelio pour cette masse critique avec ce beau livre de Joann Sfar, Paris sous les eaux, regroupant plusieurs aquarelles sarcastiques publiés sur Paris Match, en alternance avec Sempé. J'avais découvert cet artiste à travers le film Gainsbourg, vie héroïque et ses dessins incroyablement réaliste, modernes, et ce scénario très Gainsbourgien à mon avis. Joann Sfar gravite sur tous les fronts, allant du dessin, de l'illustration, de l'écriture de romans, de scénario, acteur, réalisateur, d'une liberté totale sur ces oeuvres, tel un électron libre échappant à toute attraction universelle.
Je découvre avec beaucoup de curiosité ces planches d'aquarelles me souvenant un Cabu, un Sempé aussi qui croise le chemin de notre dessinateur sur Paris Match, une alternance bien heureuse. Dans ma jeunesse j'aimais me perdre avec Gotlib, dans Fluide Glacial, mais aussi avec d'autres comme Maëster, Coyote et s'en passe.
En main je feuillette l'ouvrage à peine déballé du colis reçu par courrier, les pages s'évaporent sous mon regard, les dessins magnétisent mon attention avec beaucoup passion, le sourire caresse mes lèvres, un rictus effleure mon visage à chaque dessin croqué, une ironie heureuse de notre société écartelé avec un sarcasme subtile, j'aime beaucoup les couleurs de ces aquarelles, tel un tableau vous parlant de ces bulles de dialogue, une peinture sociétale de Paris harmonise les lieus, les protagonistes dans une capitale fleuron d'une France à l'agonie, piégeant les us et coutumes de ses Parisiens heureux d'eux-mêmes, de leurs égocentrismes maladives, Joann Sfar croque à merveille la pomme du désir charnel du dessin humoristique.
Le premier dessin est cruellement tordant dans sa manière de résumer avec beaucoup de malice une littérature autobiographique moderne trop prévisible au détriment d'une vie réelle, sans vivre le moment présent l'avenir est déjà un roman présent. Sans vouloir un à un critiquer chaque aquarelles, il y a le chien présent avec beaucoup de pertinence, cet animal devient le maitre et l'homme juste un pantin perdu dans le méandre de leur vie d'illusion. Souvent ces chiens sont plus humains que leur maitre, j'aime l'idée d'animalisé l'homme et d'humaniser la race canine. Même le chat semble avoir la réponse infuse, assez pertinente sur les soucis existentialistes de leur maitre.
Nous voyageons dans ces cafés, brasseries, rues, ponts, bois, appartement, terrasses de cafés, trottoirs, marchés, squares, tous ses endroits habillant Paris, avec ses habitats de toutes sortes, des couples légitimes et illégitimes, des jeunes, des vieux, des écrivains, des critiques, des inconnus de Paris dansant avec beaucoup d'humour la valse de Joann Sfar dans ces dessins acerbes de l'actualité du moment.
Il y a dans cet opus beaucoup de philosophie Camusienne de l'absurdité de l'homme sous le regard amusé d'un chat d'un chien, d'une tirade, d'un instant volé dans un café, comme cet homme prisonnier de ses outils numériques, audiovisuel, son journal plié, sous la pression du vertige de rater une information, ce vieux couple perdu au fin fond d'une terrasse, au bord du marché, d'un premier plan un garçon et son chien devant un étal de fruit, puis cette réflexion sur l'élection américaine, comme un écho résonnant dans le coeur profond d'une France connecté au monde, une ironie amusante et profonde, ces dessins soufflent un message subliminale perçant l'actualité au fil de ses crayons et de sa verve. J'adore ces couples infidèles croqués par Joan Sfar comme celui dans la baignoire lové dans leur passion, la femme infidèle se sacrifiant pour le bien de son mari d'avoir un amant, ou d'un autre dessin, une femme s'inquiète de l'infidélité de son mari avec son amant qui pour la rassurer décide de l'appeler, ces deux scènes cocasses amènent l'adultère vers un horizon naturellement humaine, comme une évidence de vie.
Plus de cinquante aquarelles tapissent ces pages, une respiration de l'existence actuelle prisonnière de l'âme de ce dessinateur philosophe écrivain, une vraie bouffée d'air pure me réconciliant avec l'actualité ambiante sans consanguinité impartiale, me souvenir de Charlie Hebdo, de Cabu et de ma passion ancienne pour le dessin, merci monsieur Joann Sfar pour ce moment de jouvence.
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