Cinquante Nuisances d'Earl Grey

Je fixe fixement son regard fixe fixant, telle une fillette fixant fixement
le regard fixe d'un...

"Pendant que je démêle mes longs cheveux châtains, la fille du miroir, aux yeux marrons bien trop gros pour sa tête, ne cesse de me dévisager. Attendez une minute... j'ai les yeux bleus ! Je comprends mieux pourquoi elle ne bougeait pas : voilà cinq minutes que je fixe un poster de Kristen Stewart !"

La vue de mon reflet dans la glace m’arrache un cri de désespoir. Ma toison présente cinquante nuances de
désordre. C’est d’un goût douteux, tendance incontrôlée. Je n’ai pas intérêt à m’endormir mouillée. Pendant que je démêle mes longs cheveux châtains, la fille du miroir, aux yeux marron bien trop gros pour sa tête, ne cesse de me dévisager.
Attendez une minute…, j’ai les yeux bleus ! Je comprends mieux pourquoi elle ne bougeait pas : voilà cinq minutes que je fixe un poster de Kristen Stewart. Ma coiffure est parfaite. Mais la situation dans laquelle je me trouve se teinte tout de même de cinquante nuances de désordre. Ma colocataire, Kathleen, a attrapé la grippe de la bouteille. Quelle grosse c…
C’était elle qui était censée interviewer le Monsieur Muscles patron de multinationale pour le magazine Boss et Canon.

" Il me tend sa liste, et je l'accompagne pour trouver ce qui lui manque. Du chatterton ? Du film alimentaire ? Une scie à métaux ? C'est qui, ce mec ? Dexter ?"

"Hello, Miss Steal," he says, gazing at me gazingly with his gazing grey eyes.

- Earl ! m'écrié-je.
- Quoi ? hurle t-il en retour pour couvrir le mugissement des pales impressionnantes de l'hélicoptère.
- Attention au soleil !
- Quoi ?
- J'ai dit : ATTENTION AU SOLEIL ! (Il m'adresse un regarde interrogateur.) Mais enfin ! Je n'ai pas mis de crème, expliqué-je.

For the first time in my life, I have found my purpose : to be a doormat for this ridiculously wealthy, attractive, impossible-to-resist man.

J'enfonce une porte ouverte et me prends le pied dans l'ourlet de mon jogging. Tandis que je tombe à la renverse, mon corps retrouve brusquement ses réflexes de gymnaste. Je laisse tomber sac à dos et carnet, tends les bras en avant et effectue une roue parfaite. Mettant à profit l'élan de ma chute, j'enchaîne avec trois rondades et atterris à pieds joints...sur le bureau de M. Grey.

- Etes-vous gay ?
Encore une question idiote de Kathleen !
Un autre sourire s'esquisse sur le visage de M. Grey.
- Eh bien non, mademoiselle Steal. Pas du tout. C'est même tout le contraire.
- Quel est le contraire de gay ?
- Triste, déclare t-il. Vous vouliez dire "gai" dans le sens de "joyeux", non ?
Nouveau coup d’œil au carnet.
- Je ne sais pas, monsieur Grey, ce n'est pas précisé sur ma fiche. Ça dit juste "gay".

- Vous cantonnez-vous à une certaine philosophie commerciale ?
- Aucun homme n'est une île, m'explique t-il. Les îles sont constituées de sable, de rochers et d'arbres. Je ne connais personne qui soit fait de la sorte. Par conséquent, les gens ne sont pas des îles.
Waouh. Est-ce que ce mec canon serait aussi diplômé de philo ?